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 En apesanteur

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Park Su Jin
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Park Su Jin



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MessageSujet: En apesanteur
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Park Su Jin † Takano Ren

Ascenseur, le 18 mai 2010 à 17:33



« L'amour est enfant de bohème... »

Je chantonne mon air préféré en rentrant du Conservatoire. J'aime bien chanter en français, c'est une langue si belle ! Même si je n'en comprends pas un traître mot. Un jour peut-être ! Enfin, pour le moment, il valait mieux me concentrer sur mon apprentissage du japonais. Je commence à me débrouiller, je suis assez fière ! Au moins, je comprends ce qu'on me dit. Même mon professeur de phonétique m'a félicitée pour ma prononciation japonaise ! Par contre, j'ai des exercices de phonétique pour l'italien, snif...

« Il n'a jamais, jamais, connu de loi... »

Dans l'ensemble, ça reste une bonne journée ! Je n'ai commencé les cours qu'à neuf heures, alors j'ai pu dormir un peu. Puis nous avons débuté un nouvel opéra en cours, c'était trop trop bien ! La professeur a même mentionné la représentation de fin d'année. Ce ne sera qu'en décembre, évidemment, mais nous allons bientôt commencer à la préparer ! J'espère qu'on aura vite le nom de l'opéra sélectionné par l'équipe enseignante. Et j'espère de tout coeur obtenir un petit rôle. Aaah, j'en rêve !

« Si tu ne m'aimes pas, je t'aime... »

Je marche tranquillement dans les rues de la ville. Le Conservatoire se situe dans la même quartier que mon immeuble, heureusement ! Et comme je ne prends pas mon service avant vingt-trois heures ce soir, j'ai largement le temps de rentrer à pied, me reposer et étudier un peu les matières scolaires. D'ailleurs, il faudra que je retourne au lycée pour récupérer les cours de la semaine...

« Et si je t'aime, prends garde à toi... »

Il faut que j'appelle papa et maman aussi. J'ai tant de choses à leur raconter ! Oh, j'aimerais tellement leur parler de Chul Bae... mais j'ai peur que papa désapprouve ma colocation avec un garçon. Peut-être que j'en parlerai à maman. Elle comprendra elle ! Oh Chul Bae... Pourvu qu'il soit là ce soir ! Il ne rentre pas souvent à cause des entraînements de son agence. Je ne peux pas m'empêcher d'être triste quand il n'est pas là. C'est-à-dire très souvent. Ça ne me ressemble pas pourtant ! Je suis peut-être malade aussi ?

« Prends garde à toi ! »

Je passe enfin le pas de la porte et me dirige vers l'ascenseur. Plus vite arrivée, mieux ce sera ! Le sport, pour une autre fois. J'appuie sur le bouton d'appel et attends impatiemment que les portes automatiques s'ouvrent. Je m'y engouffre et appuie sur le "9" en sautillant. Les portes se referment.

Mais une main passe, les rouvrant d'un coup.


Dernière édition par Park Su Jin le Jeu 25 Juil - 12:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptySam 1 Sep - 19:32

Enfin ! Cela faisait maintenant une heure que j’attendais sur le quai du métro pour rentrer chez moi. Apparemment, un homme s’était suicidé sur une autre ligne, et l’accident avait retardé tout le réseau de métro qui commençait enfin à reprendre du service.

J’allais enfin être capable de me reposer un peu. Ce n’était pas tant de la fatigue physique, mais plutôt une fatigue mentale. Ces derniers jours avaient été intense tant au travail que sur le plan des rencontres que j’avais pu faire. Il y avait eu cette démone qui semblait en vouloir particulièrement à ma vie – ou à mon âme pour être exacte – et puis cet aion qui n’était que méfiance envers moi que j’avais du tirer des griffes d’un de mes congénères. La plupart de ces rencontres épuisantes avaient d’ailleurs toutes été lié plus ou moins à Su Jin, et je commençais à croire que la protéger serait bien plus difficile que la protection de mes anciens protégés ne l’avait été. Il faut dire que je prenais particulièrement soin de Su Jin aussi.

A l’extérieur du métro je voyais les stations défiler les unes après les autres, me rapprochant un peu plus à chaque fois de mon nid douillé. Je n’attendais qu’une chose, rentrer, et me vider l’esprit en faisant de la pâtisserie jusque tard dans la nuit ! Voila le programme que j’avais choisi !

Lorsque j’arrivais enfin à ma station, je descendais parmi la foule, et commençait à marcher d’un pas lent vers mon immeuble. Le processus pour reposer mon esprit allait être long et compliquer, et il consistait en majorité à faire les choses en prenant mon temps et en consommant énormément de sucrerie.

Avant de rentrer, je faisais donc un petit détour par la confiserie du quartier, où j’achetais quelques bonbons à manger en attendant d’avoir fait toutes les douceurs que j’avais en tête pour ce soir.

Reprenant ma route vers mon immeuble je profitais de ce temps agréable, dont nous gratifiait le mois de mai, et dont je n’avais pas vraiment eu l’occasion de profiter jusqu’ici.

Lorsque finalement j’entrais dans l’immeuble, j’allais vérifier mon courrier et n’y trouver que quelques publicités, je me dirigeais donc vers l’ascenseur situé juste à coté. A mon grand damne, quelqu’un venait d’entrer dedans, et les portes allaient se refermer. Je me précipitais donc et passait mon bras entre les deux portes pour garder la porte de l’ascenseur ouverte, et ainsi avoir une chance de me glisser à l’intérieur.

Lorsque les portes se rouvrirent entièrement, je me faufilais donc à l’intérieur et appuyais sur le bouton de mon étage, avant de finalement observer l’autre passager de l’ascenseur, stupéfait. Comment avais-je fait pour ne pas ressentir sa présence à proximité ? J’étais si fatigué que ça ? Su Jin était à un mètre de moi, et il avait fallut que je tourne la tête et la vois pour m’en rendre compte.

Je lui adressais un sourire amical et hésitait. Et si je lui adressais la parole ? Que se passerait-il ? Les événements récents m’avaient poussé à m’interroger sur la distance que je gardais avec Su Jin.

J’optais pour le silence et la sécurité, tandis que l’ascenseur poursuivait lentement son ascension vers nos étages respectifs, lorsque soudain, à mis parcourt, il s’arrêta sans prévenir. Une panne ? Le moment était terriblement mal choisi…

Je me tournais alors vers Su Jin, complètement crispé et lui adressait un sourire coincé.

« Peut être que si on attends un peu il va redémarrer ? »


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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyDim 2 Sep - 23:08

Les portes se rouvrent aussitôt et un homme entre dans la cabine. Je suis de suite frappée par la couleur de ses cheveux. Ils sont blonds. Mais pas ce blond décoloré à la mode, non... un blond qui rayonne et illumine tout autour. C'est vraiment joli ! Je me demande si ça m'irait...

Il a l'air timide en tout cas parce qu'il m'adresse un petit sourire - que je lui rends - puis baisse la tête. Il semble plus âgé que moi, mais il a gardé un air enfantin sur le visage. Décidément, tous mes voisins sont très beaux ! Je vais finir par être jalouse moi. Je suis sûre qu'il serait plus "belle" que moi. Ah la la... C'est bizarre mais son visage me dit quelque chose... J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

« Bah, pensé-je, s'il habite ici, c'est normal que son visage te soit familier ! Tu as dû le croiser sans faire attention. »

Oui, ça doit être ça. Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? Je ne connais pas tant de monde que ça à Tokyo et je suis arrivée très récemment. C'est la seule explication.

J'ouvre la bouche pour engager la conversation, gênée par le silence, quand les lumières de l'ascenseur s'éteignent et que celui-ci fait un à coup. Je m'accroche à la barre horizontale située sous le miroir et ferme les yeux. Mais plus rien. L'ascenseur est bloqué... Oh mon Dieu... Heureusement, les lumières se rallument. Je cligne des yeux, perdue.

« Peut être que si on attends un peu il va redémarrer ? »

Je lui lance un regard. Il a l'air aussi crispé que moi. Je n'arrive pas à lâcher la barre, apeurée. Je commence à jeter des regards paniqués autour de moi. La cabine est vraiment petite... Je n'avais jamais remarqué avant... Ma respiration s'affole et mes jambes me lâchent.

« Je... j'ai peur... des endroits clos... »

De fines larmes se forment au coin de mes yeux pendant que je m'efforce de calmer les battements de mon coeur. Je remonte mes genoux contre ma poitrine sans lâcher la barre qui se trouve maintenant au-dessus de ma tête. Oh mon Dieu, oh mon Dieu... S'il vous plaît, redémarrez cet ascenseur...

Je commence à fredonner une comptine de ma mère pour me calmer, essayant de penser à autre chose. Je panique, mais étrangement, je n'ai pas peur. Pour une raison que je ne parviens pas à expliquer, je me sens en sécurité. Comme s'il ne pouvait rien m'arriver. C'est toi petit frère ? Tu as entendu la comptine de maman ? Protège-moi s'il te plaît...
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyMer 26 Sep - 20:00

Contrairement à moi qui suis crispé à cause de sa présence, parce que je n’ai pas l’habitude d’être à découvert devant elle, Su Jin a l’air complètement paniqué à cause de l’arrêt soudain de l’ascenseur. Je la vois s’accrocher à la barre de l’ascenseur, paniqué, ça me brise le cœur de la voir comme ça pour une simple panne d’ascenseur. Sa respiration devient plus difficile et je sens son pouls s’accélérer. Je n’aime pas ce tempo. Elle tremble un peu plus avant de s’écrouler sur ces jambes qui ne la porte plus tant elle panique.

« Je... j'ai peur... des endroits clos... »

Je vois une larme puis d’autre couler sur ses joues. C’est simplement insupportable. J’ai envie de la prendre immédiatement dans mes bras pour la réconforter, lui dire qu’elle ne craint rien quand je suis près d’elle, mais ce n’est pas si facile, alors j’assiste impuissant à sa crise de panique.

Je la vois se recroqueviller sur elle-même, toujours accrochée à la barre, essayant de se calmer, puis elle se met à chanter cette comptine. Je l’ai entendu si souvent cette comptine, chanté par Su Jin occasionnellement, par sa mère tellement de fois.

Sa respiration se calme, son cœur s’apaise, et moi aussi je respire mieux. Ce spectacle fait parti de ceux que je ne veux plus jamais voir. La douleur, la panique des autres n’est jamais un spectacle que j’aime regarder, mais lorsqu’il s’agit de Su Jin, cela devient tout simplement insupportable.

Etrangement, alors qu’elle continue de chanter cette comptine en coréen, je me laisse moi aussi glisser sur le sol de l’ascenseur et me met à fredonner la comptine en même temps qu’elle. Elle sembla étonnée d’entendre ma voix se joindre à la sienne, mais ne s’arrêta pas pour autant. Lorsqu’elle eut fini de chanter la comptine, je sortais mon téléphone l’air de rien pour éviter de répondre à la moindre question qui pourrait mettre mon secret en danger.

« Mon téléphone est hors zone… moi qui croyais que ça n’arrivait que dans les films … Ne vous inquiétez pas, on viendra nous chercher !»

Elle n’avait pas l’air vraiment plus rassuré, mais je tentais de la distraire comme je pouvais de la situation dans laquelle nous étions.

« Vous êtes nouvelle dans l’immeuble n’est ce pas ? Je ne vous ai jamais croisé avant. »

Elle sembla surprise, mais me répondit assez rapidement, me racontant des choses que je savais déjà. Enfin, je n’avais toujours vu sa vie que par mes propres yeux, peut être que venant directement d’elle, j’aurai un point de vu différent sur sa vie ? Je n’en savais rien, mais je continuais à l’écouter. Elle semblait avoir décidé que me raconter sa vie à Tokyo était la meilleure des distractions, et ce n’est pas moi qui allais l’arrêter. Je ne voulais pas la revoir dans cette état de panique, et puis, je devais bien avouer que plus je l’écoutais me raconter sa propre version de sa vie, plus j’étais fasciné de voir toutes ces émotions traverser son visage. Que ce soit la joie, la tristesse, la nostalgie, tout y passait c’était un spectacle fascinant. Ce qui me fascinait encore plus, c’était de voir avec quelle facilité elle me racontait tout cela, comme si elle me faisait confiance, alors que je n’étais qu’un parfait inconnu pour elle. Elle ne donnait aucun détail trop personnel, mais je comblais moi-même les blancs que je pouvais avec mes propres souvenirs, créant un puzzle sur sa vie dans ma tête. Création qui prit soudainement fin lorsque Su Jin s’arrêta finalement de parler, plus forcément aussi à l’aise.
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyMer 17 Oct - 6:28

« 송아지 송아지
얼룩 송아지
엄마소도 얼룩소
엄마 닮았네
»

Je continue de chanter la comptine en boucle, sans m'arrêter. C'est comme si elle m'amenait la protection et le réconfort de ma mère. Elle me la chantait souvent le soir avant de dormir, pour éloigner les monstres du placard. Puis plus tard lorsque je n'allais pas bien. On peut dire que cette chanson a bercé ma vie. Maman, tu me manques tellement...

J'ouvre de grands yeux étonnés en entendant une voix se joindre à la mienne. C'est le voisin, il s'est assis lui aussi, et fredonne avec moi. Comment connait-il cette chanson ? Il est japonais non ? Il a une tête de japonais. Faudra que je lui demande.

Au bout d'un certain moment, j'arrête de chanter, plus ou moins calmée. Maintenant que j'y pense, le voisin a dû me prendre pour une folle à chanter comme ça. Oh et puis non, il a l'air gentil, il a dû comprendre ! Sinon, il n'aurait pas chanté avec moi. CQFD. Enfin, faut quand même que je lui demande comment il connaît cette chanson...

« Mon téléphone est hors zone… moi qui croyais que ça n’arrivait que dans les films … Ne vous inquiétez pas, on viendra nous chercher ! »

Hein ? Euh... bon tant pis, je lui demanderai plus tard. Hors zone, ah mais c'est pas rassurant ça... Je sens mon coeur qui recommence à s'affoler. Oh non, vite, vite, se calmer. Zeeeen Su Jin, zen !

« Dites, ça... ça vous dérange si je vous tiens la main ? »

Dis oui monsieur, dis oui ! J'ai que toi à qui me raccrocher là... Sinon je vais vraiment faire une crise de claustrophobie, attention !

« Vous êtes nouvelle dans l’immeuble n’est ce pas ? Je ne vous ai jamais croisé avant. »

Tiens, c'est vrai ça. Je rencontre des nouveaux voisins tous les jours, mais en fait, c'est moi la nouvelle. Bon, c'est parti pour faire connaissance, ça me changera les idées au moins. Un bon point pour toi monsieur !

« Je suis arrivée il n'y a même pas une semaine. J'habite au dernier étage. Je viens de Séoul et je m'appelle Park Su Jin, et... je parle toujours trop. »

Je ris doucement. Quelle idiote je suis, on ne me changera pas ! J'observe mon voisin un peu mieux: son visage me dit quelque chose... Je suis persuadée de l'avoir déjà vu quelque part...

« AH !! »

Je me lève d'un bond en le pointant du doigt... pour me cogner à la barre de fer au-dessus de ma tête. Ouille ouille ouille. Je retombe au sol en me tenant le crâne.

« C'est vous non ? Le médecin de la gare ! »

J'en suis sûre maintenant: il s'agit de la personne qui m'a empêchée de me rendre à la gare le jour de mon arrivée. Quelle coïncidence !
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyDim 18 Nov - 11:51

Alors qu’elle finissait de raconter son histoire, je la voyais me détailler un peu plus. Puis l’éclair de « reconnaissance » dans son regard ne me trompa pas. Elle se releva alors d’un bond, laissant échapper un « AH » de ses lèvres, avant de se cogner contre la barre de l’ascenseur et de retomber au sol. Je m’approchais d’elle par réflexe et tendait la main vers elle lorsqu’elle laissa tomber sa sentence.

« C'est vous non ? Le médecin de la gare ! »

Ma main retomba dans le vide, alors que mes yeux s’écarquillaient sous la surprise. Je n’avais pas imaginé qu’elle se souvienne de moi. Elle m’avait vu quelques secondes seulement.

Eludant sa question, je m’approchais doucement d’elle et m’asseyait à ses cotés.

« Laissez moi voir ça. »

Prenant sa tête avec douceur entre mes mains je la penchais légèrement vers moi pour voir une grosse bosse se former au sommet de son crane.

« Vous vous êtes fait une jolie bosse. Je vais masser un peu pour faire passer la douleur. »

Je libérais alors une de ses mains sans attendre de réponse de sa part et commençait à masser doucement, comme ma mère me l’avait fait il y a tant d’année lorsque j’étais encore enfant. J’en profitais alors pour modifier un peu le mensonge que je lui avais raconté ce jour là, à la gare. Quitte à ce qu’elle se souvienne de moi, sache qui je suis, autant qu’elle connaisse la vérité. La partie que je pouvais lui en révéler tout du moins.

« Je ne suis pas vraiment médecin, je suis plutôt psychologue. Mais vous fonciez sans réfléchir vers le danger. C’est très courageux de votre part, mais je ne suis pas sûr qu’une blessée de plus aurait aidé les secours. Je suis étonné que vous vous souveniez de moi, c’était tellement chaotique là bas ! »

J’espérais qu’elle ne prenne pas la mouche à cause de ce que j’avais dit, mais c’étais la seule façon que j’avais trouvé de lui expliquer mon geste sans lui dire clairement « je suis ton ange gardien, je tiens à ce que tu restes en vie et ne soit pas blessé plus que tout, donc je ne pouvais pas te laisser courir dans cette gare remplie d’ange de démon et d’autres choses encore que tu n’es pas sensée voir ».

J’arrêtais finalement de lui massait la tête et la laisser libre de ses mouvements. Si j’avais écouté mes instinct j’aurai sans doute continué jusqu’à entière disparition de cette bosse, mais mon attitude lors de l’accident de la gare était déjà suffisamment difficile à expliquer sans que je n’ai en plus besoin de justifier ma réaction excessive pour une simple bosse … J’étais encore un inconnu pour elle après tout.

Mais il y avait bien quelque chose que je devais reconnaitre, j’avais aimé prendre soin d’elle de façon ostensible, sans être tapie dans l’ombre. C’était un peu comme prendre soin de ma fille, ou de ma petite sœur.

A la différence près qu’elle ne me connaissait pas, et que mon attitude devait sans doute susciter chez elle un millier de question, et je ne pouvais même pas sortir de cet ascenseur pour les éviter.
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyDim 25 Nov - 9:25

« Laissez moi voir ça. »

Je le regarde faire, plutôt étonnée, alors qu'il prend ma tête dans ses mains : c'est vrai qu'il est médecin. Mais une petite bosse mérite-t-elle tant d'attention ? Je cesse de me poser des questions lorsqu'il commence à me masser le crâne. C'est comme si une vague de bien-être m'envahissait petit à petit. Je me sens si bien que je pourrais m'endormir là... maintenant... On dirait un peu la sensation de réconfort que je ressens lorsque je ne suis pas bien. C'est tellement bizarre...

« Je ne suis pas vraiment médecin, je suis plutôt psychologue. Mais vous fonciez sans réfléchir vers le danger. C’est très courageux de votre part, mais je ne suis pas sûr qu’une blessée de plus aurait aidé les secours. Je suis étonné que vous vous souveniez de moi, c’était tellement chaotique là bas ! »

Je voudrais répliquer, mais ses attentions sur mon crâne agissent comme un véritable anesthésiant. Ma seule envie à ce moment précis est qu'il n'arrête jamais. Malheureusement, c'est ce qu'il fait. En même temps, à quoi m’attende-je ? Il n'est que mon voisin. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir à faire à un inconnu... il me semble si familier, je ne sais pas pourquoi. Je suis intimement persuadée de la connaître alors que je sais pertinemment que je ne l'ai jamais vu. Tu dérailles Su Jin. Je me remets dans mon coin de l'ascenseur alors qu'il s'éloigne de moi, quelque peu perturbée.

« Vous avez certainement bien fait de m'arrêter ce jour-là. Je fonce souvent sans réfléchir. Comme vous dîtes, je n'aurais été qu'une blessée de plus. »

Inconsciemment, je me frotte le crâne. Tiens, la bosse a quasiment disparue ! Efficace ! Je ne connaissais pas cette technique.

Je sors mon téléphone portable pour vérifier mais il n'y a toujours pas de réseau. Fichu ascenseur, vas-tu rester comme ça longtemps ? J'en suis moi-même étonnée mais je n'arrive pas à être paniquée. Je devrais pourtant, non ? Bah non, j'ai juste trente-six milles questions qui tournent dans ma tête.

« C'est trop bizarre... », soufflé-je sans m'en rendre compte.

Je ne sais pas quoi dire pour combler le silence qui commence à devenir gênant. Moi qui suis une éternelle bavarde, plus rien ne sort ! Que t'arrive-t-il petite Su Jin ? Arg, je sais paaaas. J'ai envie de me taper la tête contre le mur, mais je ne pense pas que ma bosse appréciera. Que faire, que dire ? AH !

« Au fait, vous vous appelez comment ? Et vous pouvez me tutoyer vous savez, je ne suis qu'une enfant encore. »

C'est vrai, je n'ai que dix-sept petites années derrière moi, alors qu'il doit bien avoir la vingtaine passée malgré son visage enfantin. S'il est psychologue, c'est qu'il a beaucoup d'années d'études derrière lui non ?

« Vous avez quel âge ? Vous êtes forcément plus âgé que moi... je peux vous appeler 'Oppa' ? Ça veut dire 'grand frère' dans ma langue. »

Et des bombes comme ça, t'en as encore beaucoup ? Babo Su Jin, comme si on demandait ça à un inconnu !
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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyDim 9 Juin - 11:04

J’avais l’impression qu’elle était de plus en plus perturbée par ma présence, la preuve, elle venait de parler de quelque chose de bizarre, et je suppose que c’était de moi qu’elle parlait ? De qui d’autre aurait elle pu parler de toute façon ? Nous n’étions que deux dans l’ascenseur…

Je commençais à me sentir coupable d’être intervenu lorsqu’elle revint à elle, m’interrogeant sur mon prénom. Je lui répondais, un léger sourire sur les lèvres.

« Je m’appelle Ren. Takano Ren pour être précis. »

J’allais laisser retomber le silence lorsque je me souvenais que je n’étais pas censé connaitre son prénom. Me reprenant instantanément, je l’interrogeais à ce sujet, faignant l’ignorance.

« Et toi comment t’appelles-tu ? »

Si elle m’autorisait à la tutoyer, je n’allais certainement pas m’en priver. J’étais prêt à lui demander quel âge elle avait, lorsqu’elle reprit la parole.

« Vous avez quel âge ? Vous êtes forcément plus âgé que moi... je peux vous appeler 'Oppa' ? Ça veut dire 'grand frère' dans ma langue. »

Je laissais un sourire plus grand se dessiner sur mon visage. J’avais vécu en Corée du Sud pour veiller sur elle, évidemment que je savais ce que ce mot voulait dire et je me sentais d’autant plus touché qu’elle souhaite m’appeler comme ça. Elle me connaissait à peine et se sentais suffisamment à l’aise avec moi pour vouloir m’appeler ainsi. Préférant garder ces pensées pour plus tard, je réfléchissais à une réponse à lui donner.

Dans les faits, j’avais 137ans, mais de quel âge avais-je l’air en réalité ? Je repensais à ces quelques années d’études pour obtenir le diplôme de psychologue avant de finalement lui répondre, espérant ne pas trop me tromper.

« J’ai 25ans. Et toi quel âge as-tu ? Tu peux me tutoyer aussi ne t’inquiète pas. Et je serai enchanté que tu m’appelles « Oppa », tu viens de Corée c’est ça ? J’y suis allé quelques fois c’est un beau pays n’est ce pas ? Il doit te manquer… »

Cela ne faisait pas longtemps que Su Jin était arrivé en ville mais sans parler de son pays, sa famille devait lui manquer encore bien d’avantage. Décidant de ne pas trop m’étendre sur le sujet, pour ne pas qu’elle se sente trop triste, je décidais de rebondir sur la façon dont elle voulait m’appeler.

« Si tu m’appelles Oppa, comment puis-je t’appeler ? Je suppose que si je suis ton Oppa, cela fait de toi ma dongsaeng ? Si je me souviens bien des quelques mots de coréens que j’ai appris là bas. »

J’aimais l’idée de développer une réelle relation avec elle, et en même temps, j’avais peur de la mettre en danger en faisant cela. Pourtant, je continuais de lui sourire de façon amicale, espérant que tout irait pour le mieux malgré tout, et que peut être, nous pourrions devenir ami.

J’allais reprendre la parole pour en savoir plus sur elle, lorsque les lumières de l’ascenseur se rallumèrent soudainement. Nous relevions tout deux la tête d’un même mouvement. Notre captivité serait-elle finie ? Je me sentais à la fois soulagé et en même temps déçu, à l’idée que nous devions nous séparer dans peu de temps. J’aimais bien l’idée de pouvoir la connaitre un peu plus après tout.

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MessageSujet: Re: En apesanteur
En apesanteur EmptyJeu 25 Juil - 12:27

« Je m’appelle Ren. Takano Ren pour être précis. »

Oh, j'adore ce prénom !

« Vous vous appelez comme le personnage de Nana ! J'adore ce manga vous savez, et en plus c'est mon personnage préféré. »

Je lui dédie un sourire. Il a vraiment l'air très gentil, je suis plutôt contente d'être avec lui dans mon malheur de claustrophobe bloquée ! Et c'est donc bien mon Oppa. Je lui réponds que je n'ai que 17 ans et qu'en effet, la Corée me manque énormément.

« Mais tu sais, je suis contente d'être ici. C'est une grande chance pour moi, alors je ne vais pas me plaindre. Je n'aime pas me plaindre de toute façon, ça ne sert à rien. Ma famille me manque, mais j'ai rencontré plein de nouvelles personnes. Comme toi Oppa ! C'est pas génial ? »

Il me sourit en réponse et je ne peux pas m'empêcher de trouver qu'il a vraiment un visage angélique quand il sourit. Une beauté pareille, c'est quasiment surnaturel !

« Oui je suis ta dongsaeng. Mais on n'appelle pas les gens "dongsaeng" ou rarement. Appelle-moi par mon prénom, c'est suffisant ! Et pas besoin de suffixe honorifique. »

Alors que je termine ma phrase, les lumières se rallument d'un coup et l'ascenseur se remet en marche. Étonnamment, je ne suis pas si contente que ça, on commençait à avoir une bonne discussion. Mais bon, c'est pas comme si nous n'allions jamais nous revoir n'est-ce pas ? Je saute hors de l'ascenseur une fois celui-ci ouvert et fais un geste de la main à Ren avant de filer.

« On se revoit plus tard hein Oppa ? Je suis heureuse de t'avoir rencontré ! »

Ce jour-là, je ne savais pas que j'avais rencontré mon Ange Gardien. Ce jour-là, je ne savais pas que j'allais mourir et que je ne le reverrai plus.

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