• La pluie...encore la pluie. Toujours la pluie. Le genre de temps que détestait royalement Andréas. Encore plus lorsque cette pluie lui apportait un très mauvais pressentiment, et qui le troublait tellement qu'il perdait toutes ses facultés de hunter.
  De toute façon, il savait dès le début qu'il n'aurait pas du se lancer dans cette mission. Franchement, il sentait au moment même ou il était tombé dans ce cercle de démons qu'il n'arriverait pas à en sortir vivant si il venait à faire une bêtise.
  Alors le voilà, coincé entre deux hommes deux fois plus grands et musclés que lui, alors qu'il tentait tant bien que mal d'avoir l'air décontracté en observant les quatre hommes jouer au poker. Le tout avec une très grande classe, il fallait l'avouer. Ils auraient pratiquement fait passer le petit boui-boui mal famé dans lequel ils étaient installé pour un casino de Las Vegas.
  
  Comment sortir de la sans se faire repérer ? Il finirait par se faire avoir et révéler son identité d'une façon ou d'une autre. Hors, il n'avait aucune envie d’être la pour assister à ça.
  Tant pis, les assassinats de démon, ce serait une prochaine fois. Il ne pouvait prendre aucun risque.
  Mal à l'aise, il se tortilla sur sa chaise et passa légèrement sa main sur son front à la peau douce et immaculée. Geste que l'un des démons remarqua. Celui ci sourit, (presque) rassurant, à sa conquete de la soirée.
  Impossible de le contrôler grâce a son pouvoir, qui ne s'étendait pas au créatures surnaturelles.
  
  -Est ce que ca va, mon mignon ?
  
  -Ouais, répondit il d'une voix assurée. J'ai juste soif. Si vous permettez....
  
  Il se faufila hors du petit groupe et s’efforça de ne pas courir jusqu'à la sortie ou de ne pas faire une idiotie similaire. Il fit au contraire une sortie parfaitement naturelle. Le blondinet, pourtant, du faire une quelconque bêtise car très rapidement, alors qu'il filait vers la sortie, il entendit les voix des démons derrière lui. Et il entendit parfaitement « Attrapez le » dans le fouillis de grognements gutturaux qui lui parvinrent.
  Parfait. Il allait devoir courir, maintenant.
  
  Il ouvrit la porte à la volée. Le vent s’engouffra dans le bar et il brava la tempête et les eaux pour se précipiter dans la rue. L'averse qui s'abattait sur Tokyo depuis déjà quelques temps n'était pas comme toutes les autres. Il n'avait pas arrêté une seule seconde de pleuvoir, d'ailleurs, depuis, et deux quartiers étaient déjà inondés. Celui ci n'était pas loin de subir le même sort, de toute évidence, car il avait déjà l'eau au cheville lorsqu'il descendit les marches du perron. Il s'en fichait bien, cependant, parce que l'important était d'échapper aux démons furieux à ses trousses. Lui qui était un hunter des plus actifs n'allait plus vivre bien longtemps, cela ne faisait aucun doute.
  
  -Reviens ici !!
  
  Attendit t'il quelqu'un hurler derrière le rideau de pluie. Cause toujours, mon vieux. Andréas continua à avancer le plus vite possible. Ce qui était plutôt facile. Comparant son gabarit avec celui de ses poursuivants, il aurait put facilement les décourager et finir par les perdre. Si seulement il avait vu le pneau qui dérivait avec le courant...Il l'aurait évité sans aucune difficulté.
  Sauf que celui ci le heurta violemment et le fit basculer en avant en lui arrachant un gémissement de douleur.
  
  Et en un rien de temps, les démons étaient la, l'entourant. Le rouant de coups. Il était sur de s’être brisé un os de la cage thoracique, ou peut etre deux. Il ne savait pas trop. En tout cas, il allait mourir, c'était certain. Ces balourds se feraient un plaisir de lui avaler son ame et de laisser son corps etre emporté par les eaux.
  Il ferma les yeux très fort. Et oui. Il était peut etre un aion avec une assez grosse dose de courage pour qu'elle devienne de l'inconscience pure et simple, mais il avait peur de la mort. C'était encore qu'un simple enfant...

La pluie, encore, toujours. Décidément, Kei ne comprenait pas le Dieu des hommes. C'était ça, son idée d'un fléau ? La pluie ? Et pourtant, il avait pu constater que cela fonctionnait sur la majorité des humains. Ces derniers se traînaient dans les rues, le regard terne, privés de leurs forces... Un simple effet de génération, voire même de géographie. Les humains du siècle précédent à peine se accueillait la pluie avec joie car elle était bonne pour les récoltes, plus encore dans ce pays où le riz était la première denrée cultivée. Quelques centaines de kilomètres plus à l'ouest, des déserts chinois auraient accueillis cette eau à bras ouverts. Et bien sûr, ils ne savaient pas la chance qu'ils avaient. Le Dieu avait dit : "que s'abatte sur eux un prélude à l'Apocalypse". Mais dans sa grande faiblesse, il avait confié cette tâche à Sakuya Toya. Ce Dieu l'avait-il fait exprès, en sachant que son Séraphin serait clément avec les Humains ? Ou bien mettait-il son soldat à l'épreuve ? En tout vas, ça n'avait pas raté. N'importe quel autre ange aurait fait sombrer le pays entier dans les feus de volcans ou de tsunamis. Toya, lui, faisait tomber la pluie.

Le démon baissa les yeux sur la ruelle sombre qui s'étirait à ses pieds. Perché sur le toit d'un petit immeuble de quelques étages, il vit Andreas sortir précipitamment du bâtiment par une petite porte. Kei leva le visage vers le ciel. La pluie tombait sur lui mais ne le mouillait pas. La seule chose de négatif qu'il voyait à ce déluge, lui, c'était que la pluie abîmait ses costumes de marque. Alors il utilisait une infime partie de ses pouvoirs à se protéger de l'humidité. En bas, Andreas venait de se faire rattraper par une bande de démons. Un sourire étiré les lèvres de Kei. Que cet enfant était agité. Il ne tenait décidément pas en place. Son père serait fier de lui.

Les démons cognaient à présent sur l'aïon. Kei n'était pas un ange... il considérait que quelques coups pouvaient toujours constituer une leçon... enfin, ce serait le cas si Andreas était du genre à apprendre ses leçons. Car, Kei le savait bien, quelques coups le calmerait pour ce soir, mais le lendemain, il serait de nouveau tout feu tout flamme. Avec un soupir, le démon se laissa tomber dans le vide et atterrit agilement dans la ruelle, projetant une gerbe d'eau autour de lui.

Aussitôt, dans un seul mouvement, les démons, une demi-douzaine, se redressèrent et se tournèrent vers lui. Presque dans la seconde, quatre d'entre eux s'enfuirent dans les ténèbres sans un mot. Kei appréciait l'intelligence à sa juste valeur et les laissa partir. Les deux autres ne semblaient pas savoir qui il était. Où bien pensaient-ils simplement pouvoir, à deux, s'en prendre à lui. Derrière eux, à moitié immergé dans l'eau, Andreas semblait à moitié inconscient. Kei en ressentit un certain agacement, voire un peu de colère. Il appréciait beaucoup l'enfant et l'idée que quelques démons de bas-étage l'ait amoché éveilla en lui quelques sentiments.

- Je vous laisse une dernière chance de vous en aller. Vous ne toucherez plus à lui ce soir.

- Nous n'avons pas peur de toi ! Notre prince te retrouvera et tu tuera si tu t'en prends à nous !

Totalement inintéressant pour Kei. Les seuls princes qui pourraient lui donner du fil à retordre n'avaient rien à faire de quelques démons lui appartenant se faisant massacrer. D'un geste il envoya valser un des deux démons, lui faisant heurter le mur si fort qu'une pluie de brique s'abattit sur lui. Il se releva aussitôt et cette fois, Kei le cloua au mur d'une décharge d'énergie. En y mettant un peu de puissance, l'énergie devient matière solide, et on aurait dit que le démon était empalé au mur un éclair de lumière noire. Et c'était très joli. Kei se rengorgea de tant de talent, d'autant plus que le démon vivait encore. L'autre démon n'avait pas bougé, et à voir ses yeux se poser sur Andreas, Kei comprit qu'il hésitait à se servir de lui comme bouclier. Une idée passable, quoique pas trop mauvaise. Mais de toute façon, c'était trop tard. Kei était sur lui, et son bras passa à travers la poitrine du démon comme dans du beurre. Autant pour son costume de marque.

Le démon s'écroula, mort. Kei lui mit le feu d'un claquement de doigt, un joli feu sous la pluie, un feu pas du tout naturel mais qui suffirait à nettoyer les preuves. Enfin, il alla rejoindre Andreas. Passant un bras autour de sa taille, il le redressa en position assise et l'appuya contre son torse. Il posa la main sur son front pour évaluer son niveau d'énergie vitale. Il avait souffert, mais il ne mourrait pas.

- Je te dois des excuses, Andreas. Je suis intervenu un peu tard, cette fois.

Son ton était légèrement moqueur, mais plein de chaleur également. L'enfant ne l'appréciait pas, mais lui adorait l'enfant, c'était ainsi. Il attendit donc de voir sa réaction avant de lui transmettre un peu de son énergie vitale. Il aurait pu mal le prendre, et peut-être pouvait-il s'en passer.

• Andréas avait CRU mourir. Finalement, Seiji avait raison, il n'avait eut qu'une sacré cahnce jusqu'ici qu'il ne devait qu'a un joli minois et un sacré caractère. Et maintenant, le tout se retournait contre lui. Fin drôlement risible pour le petit hunter qui allait se faire tuer par des démons d'étage ridiculement bas. Il aurait surement préféré finir de façon spectaculaire, et si possible en emmenant le plus possibles de démons dans son sillage.
  Mais le coup fatal ne vint pas, non. Il retomba lourdement dans l'eau qui se mit à tremper et ses chaussures et ses vêtements. Chose qu'il détestait. Mais il ne bougea pas. Il était terriblement las et épuisé. La seule chose qu'il voulait s'était se reposer. En plus, la il avait mal, très mal aux cotes. Mais il entendait a peu près clairement tout ce qu'il se disait autour de lui.
  
  Aussi, il tendit l'oreille.
  
  Je vous laisse une dernière chance de vous en aller. Vous ne toucherez plus à lui ce soir.
  
  Un frisson parcouru le corps de l'aion. Il ne connaissait que trop bien cette voix, même si il ne l'entendait que rarement. Celle ci déclenchait toujours des sentiments contradictoires chez le jeune homme. Il savait qu'il le détestait, et il DEVAIT le détester, rien que par principe. Il était hunter, et lui, c'était un démon. C'était dans l'ordre des choses. Mais en même temps, il avait toujours cette drôle de sensation quand il le voyait, comme si quelque chose en lui éveillait ses instincts d'enfants abandonné. En vérité, Kei avait fait en quelque sorte figure de forme paternelle. Une floue, certes, mais c'était le seul lien le reliant avec son véritable père, qui avait été depuis toujours interdit de le revoir.
  Bref, il ne savait pas franchement comment se comporter avec cet homme, et ca, c'était franchement frustrant.
  
  Aussi, il n'avait pas du tout envie de le laisser prendre sa défense. Ce n'était pas comme ca qu'il allait faire ses preuves. Mais de toute façon il n'avait pas assez de forces pour l'en empêcher. Il ne pouvait même pas se redresser.
  
  Nous n'avons pas peur de toi ! Notre prince te retrouvera et te tueras si tu t'en prends à nous !
  
  La suite fut floue mais le jeune humain ne pouvait s’empêcher d'imaginer ce qui se passait juste à coté de lui. Il frissonna très légèrement, envahit d'un froid qui n'avait rien à voir avec l'eau dans laquelle il trempait. Oui, le très rebelle aion avait peur, parfois, et il avait surtout peur de la mort. Ce qui était tout de même un comble en sachant combien de démons il avait détruit d'a peu prêt la même façon que le grand prince (en moins spectaculaire, bien entendu).
  Ce fut de nouveau le silence, puis il sentit quelque chose ou quelqu'un entourer ses épaules de ses bras et le redresser, si bien qu'il cracha une bonne partie de l'eau qu'il avait avalé en tombant dans l'eau.
  Sa tête roula légèrement sur le coté.
  
  Je te dois des excuses, Andreas. Je suis intervenu un peu tard, cette fois.
  
  Le petit blondinet plissa d'abord le nez, puis les yeux, comme si il se réveillait juste d'un bon gros somme, alors qu'il venait tout de meme de flirter avec la grande faucheuse. Il ouvrit ses grands yeux violets et sursauta violemment en découvrant le visage de son sauveur au dessus du sien. Il ne s'était pas attendu à le voir encore la. Pendant le peu de temps ou il avait été inconscient, le garçon s'était attendu à ce qu'il ait disparu, comme à chaque fois qu'il lui offrait une main secourable et silencieuse.
  Mais il était bien la, et trempé jusqu'aux os qui plus est. De toute évidence, la pluie n'épargnait personne, pas même les princes des ténèbres. Il s'écarta un peu de lui, rouge écarlate de honte. Franchement, quelle idée de se montrer aussi faible devant la personne qu'il aurait justement voulu impressionner.
  Il grimaça tout de même en bougeant, mais il commençait à reprendre ses esprits, bien qu'il ne se rendait même plus compte qu'il était assis dans l'eau.
  
  -Vous n'aviez pas besoin de faire ca...Murmura t'il en plissa ses jolis yeux. J'aurais pu me débrouiller tout seul...
  
  Il préféra se taire étant donné qu'il était sur qu'il serait mort à l'heure qu'il est si Kei n'avait pas décidé d'intervenir. Et il était certain que le vieux démon y trouverait l'occasion de se moquer de lui.
  En plus, il se sentait tout de même désolé pour lui. Un gars aussi classe. Trempé jusqu'aux os et couvert de boue plus ou moins douteuse tout ça pour sauver sa petite personne. Il eut la sensation qu'il devait tout de même se montrer plus gentil avec lui. Un tout petit peu au moins.
  
  Il se gratta la tête, et proposa, un peu radoucit.
  
  -Est ce que je peux vous offrir un café...pour me faire pardonner ?
  
  Il sentait que c'était la meilleure chose à faire. Et malgré le mélange de haine et d'affection qu'il ressentait à son égard, il ne pouvait qu'avouer que l'homme était le plus intéressant des interlocuteurs. L'age, sans doute.
  Le blondinet tenta de se relever. Sans succés, sa cote était encore terriblement douloureuse et il retomba le nez dans l'eau boueuse.

- Vous n'aviez pas besoin de faire ca... J'aurais pu me débrouiller tout seul...

L'enfant survivrait, on dirait. Il avait encore assez de forces pour se plaindre. Kei retint un sourire, se disant qu'Andréas risquait de s'en offenser. Et puis il était dans le vrai. Pas aujourd'hui, ni demain, mais un jour, oui, il serait capable de tuer six démons, plus que cela, même. Ça n'était pas un hasard si les Aïons hantaient les cauchemars des démons et des anges - enfin un point sur lequel les deux partis tombaient toujours d'accord. Les anges voyaient les Aïons comme des abominations, le résultat infernal et pervers d'un acte physique répugnant et interdit, qui plus est entre un ange des cieux et un vulgaire humain ou pire, un démon. Les démons étaient plus pragmatiques - ils considéraient simplement qu'un démon forniquant avec un ange ou un humain n'avait plus de dignité. Mais au final, et personne ne s'en cachait, ça n'était pas l'enfant en lui-même et le dégoût qu'il inspirait qui posait problème. Non, tous, anges comme démons, malgré leurs longs discours, n'avaient qu'une seule raison de chasser et tuer les Aïons : ils les craignaient. Kei avait toujours trouvé cela fascinant et s'étonnait que cela ne dérange personne. Dieu avait créé toute chose, la nature, les anges - et par défaut les démons - et les hommes, mais visiblement, Il n'avait plus aucun contrôle sur la nature. Un ange et un humain donnaient naissance à un enfant, et cet enfant était plus puissant que ses parents réunis. Ça posait quand même problème, non ?? Ils feraient bien de se remettre en question, tous, au lieu de les poursuivre et de les tuer...

Kei baissa les yeux sur Andréas qui tentait de s'écarter de lui. Penser qu'un jour cet enfant serait plus puissant que beaucoup d'anges ou de démons... eh bien c'était une pensée agréable, tout comme il aimait le grain de sable qui faisait ripper la machine. Mais il n'en était pas encore là.

- Est-ce que je peux vous offrir un café... pour me faire pardonner ?

Le garçon tenta de se relever, mais il était clair qu'il n'était pas en état de le faire. Les Aïons, aussi puissants soient-ils, manquaient de résistance, et se régénéraient moins vite que leurs parents surnaturels. Tout en force, en action, en réactivité... mais mieux valait pour eux ne pas rater leur coup. Le démon soutint à nouveau Andréas et sourit.

- Tu n'as qu'à faire ça, oui. Je serai ravi de discuter un peu avec toi. Mais nous avons plusieurs choses à régler d'abord.

Sans prévenir, Kei passa la main sous le col de sa chemise et la plaqua sur son torse humide et glacial. Mh, est-ce que les Aïons pouvaient tomber malades, ou bien avaient-ils hérité de la vitalité de leurs parents ? Bref ! Le démon pouvait sentir sous sa peau les côtes fracturées, les chairs tuméfiées, le sang qui coulait là où il ne fallait pas. Tenant fermement l'enfant pour qu'il ne s'enfuit pas, Kei transféra un peu de son énergie vitale à Andréas. Il n'avait jamais lui-même joui d'un tel traitement, mais on disait que ça brûlait tout en calmant la douleur tout en même temps. Joo Hee faisait ça de façon plus mutine, faisant passer son énergie par la bouche, se plaisant à embrasser tous ceux qu'elle voulait guérir. Toya était plus conventionnel, bref, chacun sa méthode.

- Je ne suis pas un guérisseur, alors vas-y doucement. J'ai réduis tes blessures, mais tout est encore mal en point là-dedans, et demain, tu vas en baver encore plus que maintenant, mais en attendant, tu souffriras un peu moins.

La souffrance était aussi une leçon, même si l'enseigner à des personnes qu'on appréciait était déjà une souffrance en soi. Kei aida le garçon à se relever puis, le tenant par les épaules, le fit pivoter vers un des murs de la ruelle. Un démon s'y trouvait encore, toujours empalé par un éclair d'énergie sombre du prince. Il ne se débattait plus, se contentant de le regarder d'un air calme. Kei sourit d'une oreille à l'autre.

- Tu as appelé ton prince, n'est-ce pas ? Crois-moi, si ton cas l'intéressait, il se serait déjà montré. Qu'en dis-tu, Andréas ? Je l'ai gardé pour toi, celui-là.

Kei poussa doucement le garçon vers le démon impuissant.

• Si il y avait quelque chose qu'Andréas détestait le plus, c'était de dépendre de quelqu'un d'autre. Toute sa vie, il s'était débrouillé seul et ce n'était pas maintenant que ça allait changer. Mais la, il n'était pas réellement en état de jouer les rebelles. Sa seule envie, aller se réchauffer, parce que même si les Aions étaient souvent plus puissant que beaucoup d'anges ou de démons, il y avait une chose dont ils n'étaient pas à l'abri, c'était les maladies, et la c'était certain, il était bon pour attraper une pneumonie.
  
  Il décida tout de meme de se montrer plus gentil avec lui. Après tout, Kei aurait très bien pu le laisser mourir comme une vulgaire ordure comme tous les princes de ténébres l'auraient fait à sa place, mais au contraire, il avait décidé de venir l'aider, et surtout, était d'une bonne humeur déconcertante devant les constantes attaques du petit hunter.
  Celui ci cligna des yeux en voyant le sourire de son sauveur.
  
  Tu n'as qu'à faire ça, oui. Je serai ravi de discuter un peu avec toi. Mais nous avons plusieurs choses à régler d'abord.
  
  -Plusieurs choses à quoi ?! Hey !
  
  Sans prévenir il se retrouva collé contre le démon. Voilà une grande première ! La première fois qu'il se retrouvait aussi près d'une créature des enfers qu'il n'avait pas l'intention de tuer. Et l'effet était à la fois réconfortant et particulièrement désagréable. Au début effrayé par cette facon de le rentrer, craignant que le prince ne profite de sa faiblesse pour lui faire passer le pire quart d'heure de sa vie, il tenta de se libérer. Mais d'abord il n'avait plus assez de force pour prétendre y arriver, et ensuite, une douce chaleur l'envellopa.
  Ce n'avait rien de douloureux, juste une sensation bizarre, un picotement traversant ses muscles et ses os, comme après avoir passé toute une journée à marcher avec de mauvaises chaussures.
  
  Je ne suis pas un guérisseur, alors vas-y doucement. J'ai réduis tes blessures, mais tout est encore mal en point là-dedans, et demain, tu vas en baver encore plus que maintenant, mais en attendant, tu souffriras un peu moins.
  
  Il était si hébété qu'il n'eut même pas la force de protester ou de râler. Il se rassit et passa ses mains sur son visage. Ses cicatrices s'étaient légèrement résorbées, et quand il posa ses mains sur ses cotes, elles étaient certes douloureuses mais en forme. Le genre de blessures qui auraient prit des mois entiers pour se résorber.
  Il osa même un sourire se dessiner sur son joli visage. Décidément, soit il révait, soit c'était vraiment une drôle de journée.
  
  Je survivrais, murmura t'il. Je...je vous remercies.
  
  Autant continuer dans l'étrangeté, n'est ce pas ? Il se détourna, cachant sa soudaine timidité et sa gène, mais accepta l'aide du grand prince. Il était trempé des pieds à la tete et était couvert de courbatures, mais finalement, il avait bien vécu pire. Le jeune homme en avait pratiquement oublié ses agresseurs jusqu'à ce que son regard se pose sur l'un d'eux, qui se trouvait dans une position certes délicate, mais qui ne semblait pas particulièrement affolé.
  Meme lui qui n'avait pas une once de respect n'aurait pas pu rester aussi calme si il avait été dans le collimateur de Kei. Il aurait eut (presque) pitié de lui. Mais tout ce qu'il lui accorda, c'était un regard noir. On ne fichait pas Andréas en colère. Surtout si on était un démon, on avait peu de chance de s'en sortir.
  
  Tu as appelé ton prince, n'est-ce pas ? Crois-moi, si ton cas l'intéressait, il se serait déjà montré. Qu'en dis-tu, Andréas ? Je l'ai gardé pour toi, celui-là.
  
  Son regard passa de son sauveur à son agresseur. Il semblait en profonde réflexion. Puis finalement, il sortit de sa poche une sorte de lame dorée qu'il avait toujours utilisé pour tuer les démons. Petit, mais rapide, et elle ne pardonnait jamais. Il s'approcha à la hauteur du démon et eut un sourire. Mais le genre de sourire que l'on ne verrait sur ce visage, un sourire amusé devant le ridicule de cette créature. Après tout, il ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce.
  Il posa la pointe de sa lame sur son cou. La remonta sur sa joue, ou une trainée de sang étrangement noir se mit à s'écouler.
  
  -Plus rien à perdre hein ?
  
  Mais contre toute attente, il n'abattit pas le démon. Au contraire. Il saisit l'éclair d'énergie et le sortit de son ventre, produisant un bruit dégoutant de chuintement.
  Il le jeta de coté et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, l'homme s'était volatilisé.
  Le blondinet avait soudainement retrouvé son air malicieux et sa douceur habituelle lorsqu'il se tourna vers le prince et dit, un sourire triste aux lèvres.
  
  -Désolé pour ca... J'ai beau etre un hunter, je ne tue jamais de sang froid. Ce serait m'abaisser à leur niveau et je n'en ai aucune envie. Hors, il ne pouvait pas se défendre. Il rit. Vous devez surement me trouver idiot. Il essuya le sang du démon de son couteau qu'il replia et rangea dans sa poche, avant de rejoindre l'homme. Venez !
  
  Il l'accompagna vers un immeuble délabré dans le coin de la rue, et après avoir bravé le vent et l'eau, ils entrèrent enfin au sec dans une petit salle déserte, avec de la moquette rouge. Il n'y avait strictement personne. Et c'est pour cela qu'il avait choisi cet endroit. Ce n'était pas du grand standing, mais ils pourraient etre tranquilles.
  Il se dirigea vers une des deux machines à cafés qui trônaient dans le fond de la pièce, et glissa deux pièces à l'intérieur, récoltant en quelques secondes deux grosses tasses de café fumant.
  Il en offrit une à son compagnon avant de saisir la sienne à deux mains, frissonnant.
  
  -Ce n'est pas du grand café. Mais j'ai toujours adoré venir ici.
  Venez.
  
  Il le conduisit vers un escalier en colimacon, menant à une salle faite sur le meme modèle avec une grande baie vitrée offrant une vue d'ensemble de la ville prise au piège des eaux. Ils s'assirent à une des tables, et le Aion se tut quelques minutes, avant de poser son regard rusé dans celui du démon sans même fléchir devant sa profondeur.
  
  -Ce n'est pas normal, toute cette pluie, hein ?

- Je survivrais. Je... je vous remercie.

Kei hocha la tête en l'aidant à se relever. Qu'il survive, le démon n'en doutait pas une seconde. Il était plutôt combatif, dans son genre, et têtu aussi. Il avait été à bonne école, pour ce que Kei en savait - bien élevé, bien entraîné, ne lui manquait plus qu'un peu de patience, le calme et la tranquillité d'esprit qui feraient de lui un vrai chasseur. Il n'y avait que l'expérience qui pourrait lui apprendre tout cela, et en attendant, il continuerait de foncer dans le tas et de se mettre dans des situations délicates. Peut-être arriverait-il un jour où Andréas s'attirerait les foudres de quelqu'un de vraiment puissant, un jour où Kei ne serait pas là, et peut-être alors se ferait-il tuer. Un jour triste pour le prince. Peut-être devrait-il demander à Vale de le surveiller aussi, ce petit Aïon remuant...

En attendant, sa réaction face au démon restant arracha un sourire à Kei et lui procura une surprise rafraîchissante. Il s'attendait plutôt à ce que l'enfant se débarrasse du démon sans autre forme de procès, mais au lieu de quoi il le laissa s'échapper. Le prince regarda d'un œil chagrin son éclair d'énergie se dissoudre dans les ténèbres. Il aurait dû demander au démon quel prince il servait. De toute façon, s'il courait se plaindre à son maître, ce dernier se débarrasserait de lui pour avoir été faible. Il ne pouvait que ravaler son humiliation et passer à autre chose.

- Désolé pour ca... J'ai beau être un hunter, je ne tue jamais de sang froid. Ce serait m'abaisser à leur niveau et je n'en ai aucune envie. Hors, il ne pouvait pas se défendre. Vous devez surement me trouver idiot.

Kei haussa les épaules. Idiot, non, mais naïf, assurément. Bien que cette réaction l'ait agréablement surpris par son coté inattendu, le geste en lui-même avait de quoi l'inquiéter. Quiconque pouvait se vanter d'avoir un démon à sa merci devrait le tuer sans attendre ni aucun égard. En l'occurrence, Andréas l'avait bien dit sans même s'en rendre compte : si la situation avait été inversée, si ça avait été lui à la place du démon, le démon à sa place, ce dernier l'aurait tué sans hésiter. Les Humains pensaient : "ne faites pas aux autres ce que vous n'aimeriez pas que l'on vous fasse". Les autres pensaient : "épargner ton ennemi mortel un jour l'amènera à ta porte le lendemain". Et ça n'était pas un hasard si, dans cette guerre, les humains étaient les vaincus par avance.

- C'est ton coté humain qui te pousse à penser ainsi et tu n'as pas à en rougir. Quoique tant de pitié pour ton ennemi me rappelle aussi ton père...

Le prince suivit le garçon, pataugeant sans plus s'en occupant dans les dix centimètres d'eau dont ce cher Toya gratifiait la ville depuis des jours - le démon se promit de lui apporter la facture du pressing pour son costume de luxe et ses chaussures de marque. Une fois à l'abri, assis devant un café avec la ville qui s'étalait à leurs pieds, Andréas semblait avoir perdu de sa timidité.

- Ce n'est pas normal, toute cette pluie, hein ?

Kei le gratifia d'un sourire malicieux par-dessus sa tasse de café et reposa celle-ci sur la table avant de tourner son regard vers la nuit sombre et humide qui pesait sur Tokyo. Cette ville aurait mérité bien pire que quelques gouttes, en guise de fléau. Mais Kei n'était pas non plus mécontent que Toya se soit montré si magnanime. Il allait au devant de sacrés problèmes, dans un futur proche. Les anges et leur sens de la hiérarchie...

- Étant ce que tu es, tu ne peux pas croire qu'un tel phénomène est naturel, j'en suis sûr. Tu le sens au plus profond de toi. Cette pluie mine ton moral et rouille tes pouvoirs.

Après une pause, Kei ajouta, plus doucement, plus pour lui-même que pour l'enfant :

- Les Cieux ont toujours aimé les signes et si les humains ne parviennent pas à les déchiffrer, alors peut-être auront-ils mérité le destin qui les attend.

Levant les yeux sur Andréas, le prince réfléchissait. Malgré ses millénaires d'existence, il n'avait jamais vraiment pu s'empêcher de s'attacher aux Hommes. Pas à tous, bien sûr, mais il n'avait pas vécu une seule génération sans apprécier quelques spécimens humains, aussi prompts à exister qu'à disparaître, plus raide encore que la flamme d'une bougie soufflée dans la nuit. Mais l'imminence de l'apocalypse avait tendance à étirer le cours du temps, et désormais, la vie des Humains étaient quelque peu plus précieuse, surtout celle de ces humains auxquels Kei s'était attaché. Andréas. Mayuka. Nana. Toutes ces flammèches qui pouvaient s'éteindre d'un seul coup sous l'action de la brise - ou de la pluie...

- Tes combats vont devenir plus difficiles, Andréas...

• Malheureusement Andréas n'avait jamais eu la patience de son coté. Peut être était ce dut au fait que sa vie avait été constamment menacée dès l'instant ou il avait ouvert pour la première fois les yeux ? Plus que tout autre personne, sa vie passait au second plan. Après tout, il savait ou tout cela allait mener, alors il voulait emmener le maximum des ennemis du genre humain avec lui.
  Il était conscient de ce qu'il encourait. D'ailleurs, Kei n'était pas le premier à lui faire la leçon. Seiji lui avait bien dit que de nombreuses créatures à queues fourchues voulaient tous avoir leur part du gâteau et que seul son intervention l'avait préservé d'avoir tous les démons aux fesses.
  Il était surement chanceux d’être aussi bien entouré. Surement.
  
  Enfin ! Toujours est il qu'il voyait bien que son ainé oscillait entre l'amusement et la réprobation à son action. Mais le blondinet soutint son regard avec une pointe de cynisme. Sans aucun doute qu'il était l'un des seuls à pouvoir dénigrer les démons devant le grand prince sans s'attirer ses foudres. D'ailleurs, celui ci ne releva même pas son insolence. Il ne pouvait que l'admirer pour sa sagesse.
  
  C'est ton coté humain qui te pousse à penser ainsi et tu n'as pas à en rougir. Quoique tant de pitié pour ton ennemi me rappelle aussi ton père...
  
  Le jeune homme frissonna en l'entendant parler de son père et le dévisagea. Mais cette fois, il ne broncha pas. Il ne voulait pas avoir de nouveau cette désagréable conversation avec le Prince, bien que sa curiosité et sa colère le titillait toujours plus. Savoir son père si proche de lui et pourtant si absent le revoltait !
  Si seulement cet homme lui donnait ne serait que quelques indices pour le retrouver. Qu'est ce qu'il en avait à faire après tout, de l'ordre du ciel ?
  Pour exprimer sa frustration, il soupira et passa une main sur son visage, y laissant quelques traces de sang au passage.
  
  -J'aimerais autant que l'on ne mentionne pas cela pour le moment. A moins que vous ayiez enfin décidé de m'en dire plus ! Ce n'était qu'un caprice de gamin. En vérité, il n'attendait que cela, retrouver son père. Les assassinats de démons et l'avenir de la terre passait au second plan, bien malgré lui. Mais après tout il était humain non ?
  
  Il conduisit son invité de dernier minute à l'endroit qu'il privilégiait toujours pour se retirer du monde lorsqu'il en avait besoin. C'était très modeste mais bien plus accueillant que la plupart des bistros du coin. Et surtout, beaucoup moins mal famé. Le café n'était pas de très grande qualité, mais après tout, Kei était un démon n'est ce pas ? Il devait s'en fiche comme de sa première chaussette.
  Une fois installé, l'Aion laissa planer un léger silence, légèrement, très légèrement intimidé par le grand brun. Il avait tant de choses à lui demander ou à lui dire....Mais il n'avait aucune envie que celui ci pense qu'il était trop bouleversé par sa présence. Finalement, il se lanca, encouragé par la pluie qui déferlait à l'extérieur, brouillant leurs visions.
  
  Andréas ne put s’empêcher de le dévisager en le voyant sourire, se demanda ce qu'il pouvait y avoir d'aussi amusant dans ce qu'il venait de demander.
  
  Étant ce que tu es, tu ne peux pas croire qu'un tel phénomène est naturel, j'en suis sûr. Tu le sens au plus profond de toi. Cette pluie mine ton moral et rouille tes pouvoirs.
  
  -Co...comment le savez vous ?
  
  Murmura le jeune homme, soudainement très intéressé par ce que l'homme disait. Il savait. Certes, il n'allait surement pas lui dire ce qu'il désirait aussi facilement mais Andréas su sur l'instant que le démon était au courant de tout.
  Il était vrai que depuis que la pluie avait commencé à inonder la ville, le blondinet n'était plus aussi vigoureux, et ses pouvoirs bien moins efficace qu'avant. C'était en partie pour cela qu'il s'était retrouvé dans une situation aussi délicate.
  Le plus jeune croisa ses bras sur sa table, oubliant momentanément son café.
  
  Les Cieux ont toujours aimé les signes et si les humains ne parviennent pas à les déchiffrer, alors peut-être auront-ils mérité le destin qui les attend.
  
  Le jeune garçon cilla en l'entendant prononcer ces mots. D'abord à cause de l'allusion à l'infériorité des humains, puis parce qu'il avait peur de comprendre.
  
  -Alors ca y est n'est ce pas ? C'est en marche.
  
  Le blond ne s'y était clairement pas attendu. Ayant étudié d'énormes chapitres de la bible sur l'apocalypse, il avait imaginé des villes mises à feu et à sang, les cavaliers de l'apocalypse, des éruptions de volcans ou des tsunamis. Mais de la pluie ? C'était étonnant mais pas moins efficace.
  Sous l'effet du choc, il ferma les yeux.
  
  -Est ce que...C'est comme ca partout ? Ou seulement ici ?
  
  Est ce que le destin de l'humanité était scellé ou des gens comme lui pouvaient ils encore agir ?
  Dans les textes anciens, on disait clairement que les aions étaient deux fois plus puissants que leurs parents, anges ou démons confondus. Ne pourraient ils pas tous se réunir pour organiser une rébellion ? De nombreuses issues se confondaient dans sa tete, et vu le regard que lui jetait son compagnon, celui ci avait dut le comprendre.
  Le jeune homme sortit de sa torpeur et s'écria.
  
  -Il n'y a pas d'autres issues ? Que sommes nous censés faire ? Attendre patiemment la mort ? Le jeune homme plissa les yeux, plongea son regard clair dans celui du démon. Vous ne voulez pas particulièrement de cette issue ! Je le vois bien ! Vous ne pourriez pas nous aider ?
  
  Le blondinet rit de sa propre bêtise. Kei était un démon, quand bien même il aurait voulu les aider, il n'aurait pas pu le faire car il n'avait pas assez de pouvoir. Personne ne pouvait arrêter la volonté de dieu.
  
  -Je ne compte pas les laisser faire, aucun de ceux qui sont au courant ne l'accepteront sans se rebeller.
  
  Il avait l'air clairement perdu. Comme si ses paroles n'avaient plus de sens.
  
  Tes combats vont devenir plus difficiles, Andréas...
  
  Le jeune homme releva la tête vers Kei. Et se rendit compte que finalement, il ne le détestait pas.
  
  - Comment ca ?

- Alors ca y est n'est-ce pas ? C'est en marche.

Kei ne dit rien tant la réponse était évidente. Pour les Humains, la nouvelle avait son importance, du moins pour ceux qui étaient au courant, bien sûr. En ce qui concernait le prince-démon, il était plus intéressé par la décision divine en elle-même : s'était-Il un jour levé en se disant qu'il allait réduire en poussière l'Humanité frêle et encore balbutiante qu'il avait mis des milliers d'années à bâtir, ou bien tout cela faisait partie d'un plan plus vaste ? Peut-être qu'en façonnant les Hommes, Dieu s'était-il déjà dit à l'époque qu'un jour, tel un gosse détruisant son château de sable, il détruirait de même ses créations. Peu de créatures surnaturelles cherchaient à comprendre. Tous voulaient participer, ou au contraire lutter pour empêcher l'Apocalypse. Kei, lui, mourrait d'envie de savoir pourquoi. Pourquoi la destruction ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui soudain passait par la tête de Dieu ? Les Hommes étaient rapides à sauter aux conclusions. Des rumeurs couraient, c'était inévitable, et sur Terre, on se disait que c'était un châtiment, la réponse de Dieu aux dernières centaines d'années d'humanité, faites à 90% de conflits vains et sanglants. Le prince était certain que ça n'avait rien à voir. Dieu ne se lassait pas. Il aimait les Hommes. Il leur pardonnait tout. Leur balancer une apocalypse dans la figure ne faisait pas partie d'un châtiment divin.

Aaaaaah, que ne pouvait-il pas se rendre dans les Cieux pour aller Lui poser directement a question !

- Est ce que... C'est comme ca partout ? Ou seulement ici ?

Kei reporta son attention sur Andréas. La nouvelle, ou plutôt la conclusion à laquelle il était arrivé tout seul, semblait l'avoir secoué, mais déjà une sombre détermination se lisait sur son visage. Il n'ignorait rien de cette histoire d'Apocalypse, ça n'était pas une surprise, même si savoir qu'elle arrivait n'était pas la même chose qu'en voir, de ses propres yeux, le commencement. Le démon avala son café et donna une pichenette dans sa tasse.

- Seulement à Tokyo, pour le moment. Le but est d'interpeller les humains. S'ils ne sont pas trop aveugles, ils se demanderont comment il est possible que la capitale soit sous un déluge pendant un mois alors que le soleil brille sur les villes voisines.

- Il n'y a pas d'autres issues ? Que sommes nous censés faire ? Attendre patiemment la mort ? Vous ne voulez pas particulièrement de cette issue ! Je le vois bien ! Vous ne pourriez pas nous aider ?

Kei haussa un sourcils amusé. Attendre la mort, se battre... comme s'il n'y avait que ces deux alternatives. Les aider ? Aider qui ? Les Humains ? S'il y avait bien une chose que le démon avait appris de ses longs millénaires d'existence, c'était que rien n'était immuable, rien ne durait, tout se perdait et se détruisait pour recommencer, en un cycle bien plus vieux que les anges et qui n'avait rien à voir avec Dieu, aussi omnipotent qu'Il se prétende. Kei avait vu ce qui avait précédé l'Humanité. Il avait vu ce qu'il y avait eu encore avant. Pourquoi les choses auraient-elles dû tourner autrement dans le cas des Humains ? Peut-être bien qu'il s'était attaché à eux, quelque part. Et peut-être bien qu'il regrettait leur future disparition. Peut-être même qu'il ferait quelque chose pour empêcher l'Apocalypse. Mais peut-être pas. Pour le moment, il n'avait rien vu, rien trouvé, rien ressenti d'assez puissant pour le sortir de sa douce inertie.

- Je ne compte pas les laisser faire, aucun de ceux qui sont au courant ne l'accepteront sans se rebeller.

- Il y a d'autres issues, Andréas, seulement elles te sont cachées. Peut-être les trouvas-tu avant l'apocalypse, et peut-être pas. Mais tu as le bon état d'esprit pour ça. Car c'est là le défi qui attend ceux qui veulent se battre : trouver une solution à un problème qui n'en a aucune. Mais les Humains ont toujours su s'échapper des routes toute tracées que Dieu dessinait sous leurs pieds. Comme on dit, si la porte est fermée, entre par la fenêtre...

La clé de la survie de l'humanité, Kei ne la connaissait pas, tout simplement parce qu'il n'avait jamais fait l'effort de chercher. Mais malgré tout ce qu'en disaient les anges, l'Apocalypse n'était pas une fin en soi. Il y avait un autre chemin, forcément, puisque depuis le début, Dieu avait Lui-même établi une règle à laquelle il se devait de se tenir : le libre-arbitre. Le choix. Le choix, les Hommes l'avaient, il leur fallait le comprendre. C'était pour cela que cette course aux âmes effrénées avait commencé : pour tous les anges et les démons partisans de l'Apocalypse, il était vital de récupérer le plus d'âmes possible. Un humain qui vend son âme est un humain qui abandonne, un humain qui abandonne est un humain qui ne combattra pas son destin.

- Toi et tes frères et sœurs Aïons font partie des êtres capables de s'opposer aux anges et aux démons. Vous n'avez peut-être pas la clé de la survie de l'Humanité entre les mains, mais vous pouvez la trouver et la confier aux messies véritables, et c'est pour cela que vous êtes perçus comme une menace. Il y a des clans au sein même des Cieux et des Enfers, et ces clans qui habituellement se déchirent sont tous d'accord sur un point : éliminer les Aïons avant qu'ils ne freine l'Apocalypse est une nécessité.

Il savait que ses propos étaient obscurs. Mais s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait pas, c'était donner toutes les cartes en main à Andréas, pour que l'enfant aille directement se confronter aux véritables meneurs de la guerre et se fasse tuer. Il avait encore besoin d'apprendre. Il devait aussi comprendre quel était son rôle dans cette guerre. Il y avait peu d'êtres capables de surpasser les Aïons, même si plusieurs les égalaient. Oui, les Aïons étaient puissants, de vrais soldats, une potentielle armée. Les armées des anges, et celles des démons, avaient décidé d'attaquer. Mais la clé était la défense, et plus précisément, la protection. Car la clé de la survie des Humains étaient entre les mains des Humains, ni plus ni moins. Dommage qu'ils soient si faibles et si aveugles...

• Le jeune Andréas avait toujours eu du mal à croire en la prétendue bonté de Dieu comme il doutait de certaines qualités de certains démons. Il ne croyait qu'en la race humaine, cette race certes si fragile mais qui était tout de meme magnifique. Elle n'était pas parfaite, certes, mais les humains étaient dotés d'un coeur, ils pouvaient éprouver de l'amour et de la compassion. De plus en plus, il doutait de celle des anges qui pourtant était si bien décrite dans la Bible. Si ils savaient pardonner, si ils aimaient, alors pourquoi provoquaient t'ils l'Apocalypse ? C'était idiot, insensé, et cette pluie s'abattant sur Tokyo ne faisait que renforcer ses pensées noires.
  
  Seulement à Tokyo, pour le moment. Le but est d'interpeller les humains. S'ils ne sont pas trop aveugles, ils se demanderont comment il est possible que la capitale soit sous un déluge pendant un mois alors que le soleil brille sur les villes voisines.
  
  -Admettons. Dans quel but est ce que le ciel fait t'il tout cela ? Si il voulait éradiquer la race humaine, et si ceux ci ne peuvent réellement pas se battre, autant leur éviter de comprendre, et leur épargner les terribles heures d'angoisse qui précéderons leur mort.
  
  Si Andréas n'avait pas toujours été quelqu'un de déterminé et d'optimiste, il aurait vraiment prit cela pour du sadisme pur et simple, ce qui semblait tellement ridicule lorsqu'on pensait au paradis et tout ce qu'il s'en suit. Mais quelque chose, une forte intuition lui disait que Kei savait quelque chose qui l'intéresserait ou qui le rassurerait. Parce que malgré les apparences, il croyait totalement ce que le vieux démon lui disait. Si il lui annonçait que des choses étaient encore possible, il saurait qu'il ne battrait pas pour rien.
  
  Le jeune garcon était si hébété par cette situation qu'il se surprit à demander de l'aide au démon. Lui ? Lui demander de l'aide ? Il n'était encore jamais allé jusque la, c'est dire qu'il ne savait pas quoi faire.
  Après tout, les textes anciens pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient, au fond, lui comme ses semblables étaient toujours des mortels, des humais freinés par leur cœur, leur conscience ou encore tout simplement le fait qu'ils pouvaient disparaître par la seule action du Ciel.
  Comment pouvaient t'ils faire pour retourner la situation à leur avantage, devant une force aussi puissante qui ne les considérait que comme des mouches agaçantes mais inoffensives ? C'était toutes les questions qu'il voulait poser au prince. Et sans s'en rendre compte, sa gène s'était évaporée.
  
  Il y a d'autres issues, Andréas, seulement elles te sont cachées. Peut-être les trouvas-tu avant l'apocalypse, et peut-être pas. Mais tu as le bon état d'esprit pour ça. Car c'est là le défi qui attend ceux qui veulent se battre : trouver une solution à un problème qui n'en a aucune. Mais les Humains ont toujours su s'échapper des routes toute tracées que Dieu dessinait sous leurs pieds. Comme on dit, si la porte est fermée, entre par la fenêtre...
  
  Son discours était passionnant, il devait l'avouer. Et si convaincant qu'il se sentit reprendre des forces et une véritable volonté. Il soupira et reprit une position plus fière et sure. Si il disait que les aions et les humains avaient peut etre une chance, ne serait ce qu'infime, de s'en sortir, c'est que c'était vrai. Et il était prêt à donner sa vie pour accomplir ce dessein.
  
  -En fait, la meilleure façon serait que les aions ainsi que les humains qui savent sortent de l'ombre, qu'ils amènent les humains à réaliser ce qu'ils se passe. Tout le monde devrait etre mit à contribution n'est ce pas ? Il n'était pas sur de la cohérence et l'intelligence de ses paroles, mais il continua de toute façon. Si TOUS les humains se rebellaient, on aurait surement une chance...
  
  Il soupira et passa sa petite main sur son front. Dire qu'a son age, il aurait dut aller s'amuser en boite de nuit, faire des études et avoir le temps de réaliser ses rêves, plutôt que de discuter ici avec un prince des enfers en pensant à la fin du monde. C'était tragiquement risible.
  
  Toi et tes frères et sœurs Aïons font partie des êtres capables de s'opposer aux anges et aux démons. Vous n'avez peut-être pas la clé de la survie de l'Humanité entre les mains, mais vous pouvez la trouver et la confier aux messies véritables, et c'est pour cela que vous êtes perçus comme une menace. Il y a des clans au sein même des Cieux et des Enfers, et ces clans qui habituellement se déchirent sont tous d'accord sur un point : éliminer les Aïons avant qu'ils ne freine l'Apocalypse est une nécessité.
  
  Le blondinet ne frissonna même pas à l'évocation de sa propre mort, et écoutait attentivement l'homme, sachant parfaitement que ses paroles étaient une chose qu'il ne fallait en aucun cas négliger.
  Si ce qu'il disait était vrai alors les anges comme les démons voyaient les aions comme un point dangereux. Ce qui était particulièrement encourageant.
  
  -Mais tant que les aions sont dispersés on ne peut rien. Il réfléchit une seconde. Il serait peut etre tant de les réunir. On y a toujours plus ou moins pensé mais il nous a toujours semblé que c'était trop dangereux.
  
  
  Il décocha un regard énigmatique à son compagnon et soudain, sembla penser à quelque chose. Il ne savait pas si c'était le réflexe d'un petit garçon qui avait besoin de soutien en sentant la fin venir, mais il fit claquer ses lèvres et murmura.
  
  -Si seulement vous me disiez ou se trouve mon père. Peut etre qu'il désirerait nous aider...Je sais que certains anges sont contre l'apocalypse. Tout comme certains démons. Il pourrait peut etre en faire partie.
  
  Il savait que l'homme ne lui dirait rien, au fond. Mais qui n'essaye rien n'a rien n'est ce pas ?

- Admettons. Dans quel but est ce que le ciel fait-il tout cela ? Si il voulait éradiquer la race humaine, et si ceux ci ne peuvent réellement pas se battre, autant leur éviter de comprendre, et leur épargner les terribles heures d'angoisse qui précéderont leur mort.

Ces mots, Kei les accueilli avec un brin de tristesse dans les yeux. Andréas parlait avec une innocence et une naïveté déconcertante, mais comment lui en vouloir ? Son coté humain le rendait ainsi. Il n'y avait que les Humains qui ne réalisaient pas la situation, et comment l'auraient-ils pu puisqu'ils étaient depuis toujours gardés dans l'ignorance. Pourquoi ? Mais pour les protéger, bien sûr. C'était ainsi du moins que le Créateur voyait les choses, et Kei était assez d'accord avec lui sur ce point. Qu'ils ne sachent pas quelles puissances pèsent sur leur tête. Qu'il ne sachent pas à quel point leur vie pourrait être balayée d'un seul souffle. Qu'ils vivent dans l'ignorance, jusqu'à l'heure du jugement, qu'ils profitent ainsi de leur existence et du cadeau que Dieu leur a fait à leur naissance : le libre-arbitre. Et c'était encore au nom de ce libre-arbitre qu'aujourd'hui, le Créateur leur envoyait des signes. Il était fini, désormais, le temps de l'ignorance et de l'innocence. Armés de leur seul passé, de l'expérience qu'ils ont retiré de leur Histoire, les Hommes devaient à présent ouvrir les yeux.

Il n'y avait aucune cruauté là-dedans. Oui, l'Apocalypse arrivait à grands pas, et oui, Dieu leur en envoyait les signes. Afin, encore et toujours, de leur laisser le choix. Il était temps pour eux de choisir leur camp. Vendraient-ils leur âme au Diable, ou bien la confieraient-ils aux Cieux ? A ce stade, Kei ne pouvait s'empêcher de trouver cette situation quelque peu désolante, parce que, tu parles d'un choix, en vérité ! Et c'était aussi ce libre-arbitre qui avait le pouvoir de tout changer. Parce que la plupart des humains choisiraient inconsciemment un camp ou l'autre, se laisseraient porter par la vague jusqu'à s'écraser contre les rochers et mourir. Mais la plupart des anges et des démons n'avaient pas prévu les êtres comme Andréas. Comme Mayuka. Comme Nana. Ces êtres, humains ou pas, qui avaient le pouvoir de se créer une nouvelle route, de décider d'un troisième choix, que personne n'avait prévu : se battre. Cela dit, Kei était certain que cette résistance n'était pas une surprise pour le Créateur. Il les avait fait, façonnés à Son image, et il devait savoir que peut-être, un grain de sable viendrait tout perturber. En était-il mortifié ? Ou au contraire, était-il heureux ? Aaaah, si seulement Kei pouvait aller lui poser la question directement !

Tout cela, le prince le garda pour lui, préférant ne pas trop aiguiller Andréas. Et puis, l'enfant se débrouillait déjà très bien. Sans vraiment le savoir, à l'instinct, il faisait déjà les bons choix - sauf quand il allait s'enfermer tout seul avec une demi-douzaine de démons !

- En fait, la meilleure façon serait que les aïons ainsi que les humains qui savent sortent de l'ombre, qu'ils amènent les humains à réaliser ce qu'il se passe. Tout le monde devrait être mis à contribution n'est ce pas ? Si TOUS les humains se rebellaient, on aurait sûrement une chance...

- Bien sûr, mais tu parles d'utopies. L'Histoire des Hommes est remplie de drames qui n'ont rien eu à voir avec Dieu et qui auraient pu être évités si seulement l'Humanité s'était rassemblée. Cela n'arrivera jamais.

C'était sa mélancolie, les trop longs millénaires qu'il avait vécu, qui parlaient pour lui. Même s'il avait toujours eu un petit coté passif qui avait tendance à beaucoup énerver les plus hyperactives de ses connaissances... Néanmoins, l'enfant tenait là une idée que Kei trouvait depuis longtemps très intéressante. Rassembler des aïons et les faire combattre ensemble...

- Je sais que certains humains se rassemblent en groupes pour chasser des anges et des démons. Mais je les vois mal accueillir des créatures telles que toi dans leurs rangs... C'est une idée sympathique, mais un aïon fait déjà peur aux créatures surnaturelles, alors une groupe d'aïons... Cependant, tu pourrais tenter ta chance !

En tout cas pour Kei, ce serait toujours intéressant à regarder !

- Si seulement vous me disiez où se trouve mon père. Peut être qu'il désirerait nous aider... Je sais que certains anges sont contre l'apocalypse. Tout comme certains démons. Il pourrait peut-être en faire partie.

Voilà qui était plus surprenant. Le père d'Andréas était certes haut placé dans la hiérarchie des anges, quoique sont petit écart de conduite avait quelques peu entamé la confiance que les hautes instances lui avaient accordée jusque là. Il n'avait rien d'un ange assoiffé d'Apocalypse, c'était certain. Mais venir en aide à son fils ?

- Il a renié jusque ton existence même, crois-tu qu'il voudrait réduire à néant tout ce qu'il a accompli jusqu'ici pour t'aider dans ta quête ?

Avec un sourire malin, Kei ajouta :

- C'est aussi pour te sauver qu'il t'a abandonné, tu le sais, n'est-ce pas ? Une mesure radicale, mais qui t'a donné le temps nécessaire pour apprendre à te défendre seul. Sans lui.

• Peu à peu, le jeune homme se rendit compte que d'une façon ou d'une autre, le prince lui prêtait main forte. Même si il n'agissait pas directement sur le fait, il lui donnait des informations particulièrement précieuses sur celui ci, qui, qui sait, pourraient lui être utiles dans le futur. Il n'aurait pas vraiment pu faire grand chose si il était resté dans l'ignorance, comme tous les autres. Μême si il n'avait pas le pouvoir d’arrêter cela, il pouvait au moins essayer, et ca, c'était une bonne chose parce qu'il ne comptait pas rester ici les bras croisés en attendant que la mer les engloutisse.
  
  Bien sûr, mais tu parles d'utopies. L'Histoire des Hommes est remplie de drames qui n'ont rien eu à voir avec Dieu et qui auraient pu être évités si seulement l'Humanité s'était rassemblée. Cela n'arrivera jamais.
  
  Le blondinet le dévisagea. Il ne savait pas que les démons pouvaient éprouver de la mélancolie, et pourtant, le jeune homme le voyait bien dans ses yeux. C'était sûrement ça, d'avoir vu toutes les horreurs que les humains s'étaient infligés entre eux. Lui même était bien trop jeune pour l'avoir vécu, mais les récits de toutes ces guerres sanglantes et cruelles entre les peuples. Ce racisme, cette discrimination qui régnait encore parfois aujourd'hui. Il comprenait pourquoi l'homme doutait qu'une telle entreprise puisse réussir.
  
  -Malheureusement, avec ce qu'il se passe, il est mieux d'avoir de l'espoir et d'essayer toutes les solutions possibles n'est ce pas ? Si on se laisse envahir par la mélancolie, nous sommes perdus.
  
  Il avait l'intime conviction que tout ce qui pourrait les sauver seraient un sourire, une naissance, un mariage, les souvenirs heureux, toutes ces petites choses qui faisaient la contenance d'une vie, aussi fragile soit elle.
  Aussi, cette idée qu'il venait d'avoir porteuse d'espoir, ce qui le poussa à la confier à son aîné. Tout simplement parce qu'il lui semblait que son avis était réellement fondamental.
  
  Je sais que certains humains se rassemblent en groupes pour chasser des anges et des démons. Mais je les vois mal accueillir des créatures telles que toi dans leurs rangs... C'est une idée sympathique, mais un aïon fait déjà peur aux créatures surnaturelles, alors une groupe d'aïons... Cependant, tu pourrais tenter ta chance !
  
  Le jeune homme sourit légèrement à cette idée qui lui semblait prometteuse et agréable. Après tout, il était encore un enfant, il était assez jeune pour qu'un rien le remplisse d'espoir. Même une idée qui pouvait le faire courir à sa perte, par les temps qui couraient.
  
  Ça vaut tout de même le coup d'essayer n'est ce pas ? Après tout, le but de ces humains et de ces aions est identique, on veut tous arrêter tout ça. Si jamais dans un proche avenir, on leur prouve par A + B que l'on peut leur être d'une grande aide, étant donné le danger qui rode...Il n'y a pas de raison qu'ils n'acceptent pas.
  
  Des paroles encore pleines d'innocence et de naïveté, mais c'était bien tout ce qu'il avait pour se protéger de l'abattement, ignorer, toujours trouver une issue heureuse à des choses qui semblaient pourtant perdues d'avance. Ce n'était peut être pas évident mais c'était toujours mieux que de partir vaincu.
  Avec cette innocence, il avait toujours eu le secret espoir que par amour, son père aurait finalement décidé de se ranger à ses cotés et le protéger. Après tout, si ce que Kei avait dit était vrai, et si son père l'avait simplement abandonné pour le protéger, qu'est ce qui l’empêcherait de faire de même aujourd'hui en le rejoignant ? Rien que pour lui donner la sensation d'avoir une famille, avant la fin.
  
  Il a renié jusque ton existence même, crois-tu qu'il voudrait réduire à néant tout ce qu'il a accompli jusqu'ici pour t'aider dans ta quête ?
  
  C'est vrai, il n'avait pas tort, son père n'aurait aucune véritable raison de faire ca. Après tout, il n'était pas concerné directement. Il était un ange après tout, cet Apocalypse ne changerait rien dans son existence. Mais il devait avouer qu'il avait espéré, ne serait ce qu'une seule seconde que cela pourrait être possible.
  
  -N'importe quel parent normal le ferait...Si il m'aimait vraiment, et si j'étais vraiment destiné à y reste il se montrerait au moins une fois.
  
  Il fit une moue triste, adorable. Ses beaux yeux violets s'éteignant. Il faillit se mettre de nouveau en colère lorsqu'il vit le sourire de son compagnon, mais il se retint difficilement. Il ne trouvait rien de drôle dans cette histoire lui.
  
  -C'est aussi pour te sauver qu'il t'a abandonné, tu le sais, n'est-ce pas ? Une mesure radicale, mais qui t'a donné le temps nécessaire pour apprendre à te défendre seul. Sans lui.
  
  Oh il le savait bien, pour l'avoir entendu plusieurs fois de la bouche de Kei, et pourtant ce ne l'avait jamais empêché d'avoir cet espoir fou de le voir un jour, ne serait ce qu'une seule fois. Sa mère, son père, il aurait au moins voulu connaître ce bonheur auquel les aions avaient toujours étés privés.
  Il baissa les yeux en soupirant et se mordilla légèrement la lèvre.
  
  -J'ai peut être appris à me défendre tout seul, mais j'aurais eu besoin de le voir, au moins une fois.
  Tous les humains ont besoin de ça, vous le savez bien, n'est ce pas ? Vous qui nous avez observé depuis aussi longtemps.
  
  Kei avait après tout plus ou moins une idée précise des besoins des humains. Ils étaient bien vulnérables. Pour vivre, ils leur fallaient de l'amour, parce que seuls, ils n'étaient rien malheureusement.
  Soudain, il eut une idée, et il savait qu'elle était assez raisonnable pour que le démon ne le lui refuse pas. Alors il s'accouda sur la table du café et l'observa droit dans les yeux.
  
  -Si vous ne pouvez pas m'aider à le rencontrer...Alors parlez moi de lui. S'il vous plait.

- Ça vaut tout de même le coup d'essayer n'est ce pas ? Après tout, le but de ces humains et de ces aions est identique, on veut tous arrêter tout ça. Si jamais dans un proche avenir, on leur prouve par A + B que l'on peut leur être d'une grande aide, étant donné le danger qui rode...Il n'y a pas de raison qu'ils n'acceptent pas.

Kei en voyait des tas, lui de raisons, mais il préféra garder le silence. Après tout la logique humaine était difficile à suivre. Le démon les avait vus s'entretuer pour des différences de couleur de peau, de religion, de statut social, de propriété... alors pourquoi en serait-il autrement sur la question de la race ? D'autant plus que pour moitié de leur être, les aïons ressemblaient bien trop aux ennemis mêmes que les humains prétendaient combattre... Mais peut-être Kei, une fois de plus, faisait montre de trop de pessimisme. C'était un peu sa faiblesse, il devait bien le reconnaître, il pouvait tomber dans un espèce d'état apathique ou plus rien ne semblait avoir d'importance et où tout ce qu'il avait vu des Hommes jusqu'à présent le confortait dans un avis bien tranché. Mais il savait bien, au fond de lui, que les humains n'agissaient jamais comme on se l'attendait, au final. C'était bien pour cela que Dieu les aimait tant et leur laissait le choix. Que les Anges, jaloux qu'ils étaient, les détestaient tant. Et que les Démons appréciaient tellement s'amuser avec eux - pas souvent dans le sens positif du terme hélas. Oui, peut-être qu'Andréas irait trouver des Humains et peut-être que ces Humains l'accueilleraient dans leur groupe comme un frère d'armes, surmontant la peur, la méfiance et l'intolérance... allez savoir. En vérité, le seul moyen d'en être sûr, c'était de laisser Andréas tenter le coup !

- N'importe quel parent normal le ferait... Si il m'aimait vraiment, et si j'étais vraiment destiné à y rester il se montrerait au moins une fois. J'ai peut-être appris à me défendre tout seul, mais j'aurais eu besoin de le voir, au moins une fois. Tous les humains ont besoin de ça, vous le savez bien, n'est ce pas ? Vous qui nous avez observés depuis aussi longtemps.

Aaaah, le père... Andréas lui en parlait souvent, de son père, espérant en savoir plus sur lui, et dans ces moments-là, il cessait d'être un aïon et devenait un simple enfant, plus humain que jamais. Il n'y avait guère que les humains pour attacher tant d'importance à la famille, et plus précisément à la filiation. Ils s'étaient même mis à adorer un seul Père, il y a longtemps, après tout ! Les Anges qui se souvenaient de leur vie humaine n'avaient que faire de ces vagues figures parentales. Pour eux, seul devait compter le Créateur, leur Père à tous, pas forcément par adoration, mais simplement parce que les Cieux étaient régis par une autorité insupportable. Kei lui-même avait parfois pitié de ces êtres empêtrés si fort dans leur hiérarchie... Alors qu'à l'inverse, les démons se faisaient une joie de clamer haut et fort n'avoir à rendre de comptes à personne. Et les humains, eh bien, pour eux un père était l'une des seule personne dans leur société à pouvoir les commander, jusqu'à ce que s'y substitue un patron - ou une femme ! Mais plus que l'autorité, le père représentait aussi la protection, le modèle à suivre, le but à atteindre. Les enfants privés de père comme Andréas devaient absolument se trouver d'autres raisons d'avancer dans la vie, sous peine de faire du sur-place...

- Tu veux que je te parle de lui ? Ce n'est pas la première fois que j'entends cette requête. Ne t'ai-je pas déjà dis que moins tu en savais sur lui, mieux c'était pour vous deux ?

Malgré la fermeté de son ton, Kei souriait. Que cet enfant était têtu ! Et après tout, il avait eu une soirée difficile, et la dernière chose que le démon voulait c'était le déprimer un peu plus encore... le jour où Andréas se contenterait de broyer du noir chez lui sans bouger serait terrible pour Kei, qui passait des heures si amusantes à l'observer. Et puis, tout n'était pas dangereux à dire sur son père.

- Très bien, laisse-moi y réfléchir... je t'ai déjà dit que tu lui ressemblais beaucoup par certains cotés. Il est têtu et très déterminé, et c'est grâce à sa force de caractère qu'il s'est élevé dans la hiérarchie angélique.

Mais la naissance d'Andréas avait quelque peu bouleversé ses plans de carrière... en fait, il ne devait sûrement son existence qu'à son statut social dans les Cieux. A cette époque, il avait des amis puissants, qui avaient intercédé en sa faveur, mais sa chute sociale n'en avait été que plus dure. Il avait sauvé sa vie et donné du temps à son fils, mais désormais, son existence n'était pas toute rose dans les Cieux, lui qui était considéré comme l'ange parfait et qui avait pourtant commis un si monstrueux pêché.

- Je ne peux pas te raconter les circonstances de ta naissance. Mais crois-moi, j'ai vu beaucoup de tes frères aïons massacrés dans leur berceau, parfois par la main même de leurs parents. J'ai vu des anges échanger leur vie contre celle de leur fille, des démons jeter leur fils en pâture à leurs frères pour récupérer leur honneur perdu. Toi, tu es en vie, et ça en dit long sur ton père, tu ne crois pas ?

Kei partit d'un rire léger et ajouta :

- Ca, et le fait que lui et moi, nous étions en quelque sorte des amis ! Cela ne fait-il pas de lui quelqu'un de fascinant ?

Andréas, en vérité, se fichait bien du fait que son ainé ne puisse rien lui dire de nouveau sur son angélique père. Seule l'image floue qu'il pouvait s'en faire grâce a ses descriptions était réconfortante pour lui. Savoir qu'il n'était pas quelqu'un de mauvais, se persuader qu'il l'aimait, d'une façon ou d'une autre, c'était à vrai dire tout ce qu'il désirait. Une sorte de petite satisfaction qui le poussait à aller plus loin, essayer de renverser la donne pour qu'un jour ils soient capable de se rencontrer.
Parce que la meilleure façon d'y arriver, c'était toujours de trouver la force de renverser le pouvoir absolu des anges, n'est ce pas ? Briser le vieux pour privilégier le jeune.
Comme le blondinet s'y était attendu, il eut le droit à un léger sermon en règle du démon, qui le faisait sans aucun doute pour avoir la conscience tranquille, mais il savait bien que le jeune homme l'écoutait à peine.

-Tu veux que je te parle de lui ? Ce n'est pas la première fois que j'entends cette requête. Ne t'ai-je pas déjà dis que moins tu en savais sur lui, mieux c'était pour vous deux ?

C'est vrai qu'il avait très souvent tenté de faire parler le démon. Si celui ci avait été un simple humain, il aurait été facile de lui faire faire ce qu'il voulait. Mais son pouvoir, malheureusement, n'avait strictement aucun effet sur lui, et il devait s'efforcer d'utiliser la bonne vieille méthode de l'amadouement. Et heureusement, cette fois, le vieux prince sembla avoir pitié de lui, car il capitula rapidement, arrachant au blondinet des étoiles dans les yeux.

Très bien, laisse-moi y réfléchir... je t'ai déjà dit que tu lui ressemblais beaucoup par certains cotés. Il est têtu et très déterminé, et c'est grâce à sa force de caractère qu'il s'est élevé dans la hiérarchie angélique.

Les yeux perdus dans le vide, le garçon tentait de se l'imaginer. Il le voyait fort, sûrement beau, comme tous les anges, mais sûrement assez fin et souple, comme lui. Il devait avoir tous les traits d'un asiatique, vu qu'il tenait la clarté de ses yeux et de ses cheveux de sa mère, qu'il n'avait jamais vu, même pas sur une photo. Ses parents adoptifs lui en avaient simplement vaguement parlé. Mais comme ils ne la connaissaient pas, ce genre de conversations tournaient souvent court. Et il avait espéré que son père, qui l'avait bel et bien aimée aurait pu lui en dire plus.

Je ne peux pas te raconter les circonstances de ta naissance. Mais crois-moi, j'ai vu beaucoup de tes frères aïons massacrés dans leur berceau, parfois par la main même de leurs parents. J'ai vu des anges échanger leur vie contre celle de leur fille, des démons jeter leur fils en pâture à leurs frères pour récupérer leur honneur perdu. Toi, tu es en vie, et ça en dit long sur ton père, tu ne crois pas ?

Le jeune homme sourit doucement en hochant la tète docilement. Il était soulagé, il se sentait bien mieux maintenant qu'il avait entendu le raisonnement si clair de son aîné. Après l'avoir entendu parler, il ne pouvait que croire que son père l'avait abandonné seulement pour le protéger du terrible sort dont souffraient les aions. Malheureusement, il n'avait jamais pu lui rendre la pareille, étant donné qu'il était constamment entrain de se mettre en danger au nom d'une cause « perdue »

-C'est vrai....En vérité, je me rend compte qu'il a prit beaucoup de risques pour moi....

Et il avait sacrifié la femme qu'il aimait par la même occasion, sûrement une sorte de punition spéciale des cieux. Puisqu'ils n'avaient pas réussi à trouver la trace de l'enfant, se pourrait t'il qu'ils aient accéléré la dégradation de la santé de la jeune femme rien que pour lui passer l'envie d'aller fricoter avec les humains ? Sûrement que le démon n'en savaient pas plus que lui, mais ayant continué de croire en la bonté et la bienveillance des cieux malgré tout, il ne voulait pas y penser. Et tout bien réfléchi, cela semblait totalement idiot. Impensable.

Ca, et le fait que lui et moi, nous étions en quelque sorte des amis ! Cela ne fait-il pas de lui quelqu'un de fascinant ?

Les yeux du jeune homme s'allumèrent, légèrement amusé à cette idée. Effectivement, cette idée que son père et le prince d'un cercle de démons avaient pu être assez proche pour que son père décide de lui confier à la naissance. Et soudain, une nouvelle question lui brûlait les lèvres et qu'il n'osait presque pas poser.
Finalement, il se lanca, curieux.

-C'est vrai. Comment est ce que vous vous êtes rencontrés ? Après tout, ce genre d'amitié...C'est pas commun n'est ce pas ?

Quoi qu'avec Kei, les choses n'étaient jamais commune, et c'est ce qu'il trouvait fascinant chez lui, à coté du fait qu'il s'occupait avec altruisme de lui.
Le jeune homme observa la rue inondée, et se dit qu'il faudrait bientôt qu'il rentre chez lui, parce que son chat n'avait pas mangé depuis ce matin là, qu'il avait toujours une rédaction à taper pour le cours d'histoire de l'art.
De plus, le prince avait sûrement des choses plus intéressantes à faire que de lui parler de son père qu'il ne verrait sans aucun doute jamais. Pourtant, il ne voulait pas mettre fin à cette conversation, puisqu'il ne savait pas quand il pourrait s'asseoir au calme de cette façon de nouveau.

Tout en lui parlant de son père, Kei observait les réactions d'Andréas. Comme les humains, cet enfant là était tout en paradoxes. Il avait vécu et grandi aux cotés d'un vide, d'une absence de père qui lui avait tant pesé qu'il avait fini par lui en vouloir. Au demeurant, le démon trouvait ça tout à fait légitime. La moindre des choses, quand on semait un enfant, c'était de s'occuper de lui. Mais nécessité faisait loi, dans certains cas, et c'était certes pour sauver sa vie que l'ange avait abandonné son fils, mais aussi pour sauver, temporairement, celle du bébé qu'était Andréas à l'époque. Lui acheter un sursis qui lui permettrait d'apprendre à se défendre. C'était chose faite, et sauf grosse bêtise de l'enfant, ce dernier allait sûrement s'en sortir. Mais avoir survécu ne suffisait pas toujours. En l'occurrence, Andréas voulait plus, et c'était compréhensible. Et il avait passé des années à en vouloir à son père. Mais voilà qu'à présent, de simples mots évoquant l'ange qu'il était suffisait à faire sourire l'enfant.

Les mots étaient puissants, Kei, en tant que démon, était bien placé pour le savoir, quand on voyait le mal que pouvaient se faire anges et démons rien qu'en détenant le nom véritable des autres. Les mots suffisaient à esquisser le père d'Andréas, lui donnait une réalité, en faisait plus qu'un vide, et il s'en conterait. Pour l'instant. Kei hésitait toujours sur quoi lui dire. Il avait fait une promesse à son père, mais voyait bien que l'enfant en souffrait. Et en même temps, trop lui en dire ne ferait que le pousser à en savoir trop, et à mettre sa vie en danger.

- C'est vrai. Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? Après tout, ce genre d'amitié...C'est pas commun n'est-ce pas ?

Kei eut un léger haussement d'épaules.

- Tu serais surpris... il n y a que les idiots qui croient encore en le vieil ordre des choses, démons d'un coté, anges de l'autre...

Le prince se tut aussitôt. Il allait donner des idées à Andréas, à force... et en vérité, il y avait, dans cette ville même, des anges puissants, et des démons puissants, qui avaient pris fait et cause pour les Humains. Mais comment savoir, comment les reconnaître, et un Aïon allant trouver un démon ou un ange risquait sa vie...

- Nous nous sommes rencontrés il y a un certain nombre d'années... au cours d'une certaine guerre. Il était chargé d'une certaine mission, et j'étais plein d'un ennui certain. Disons simplement qu'il a su me donner de quoi m'occuper un bon moment, et qu'en échange, je lui ai apporté mon aide. Crois-moi, notre rencontre n'a rien d'original, c'est surtout une question d'affinités... oui, nous avions des conversations très passionnantes.

Kei tourna son regard sombre vers la fenêtre, et la nuit qui peu à peu commençait à pâlir. La pluie semblait avoir redoublé d'intensité, si cela était seulement possible, et puisqu'elle venait de ce brave Toya, c'était plus que possible, c'était certain. On aurait dit que c'était ses propres sanglots qui tombaient du ciel, encore que lui accorder un cœur aussi sensible lui aurait fait trop d'honneur. Cela faisait des siècles et des siècles qu'il avait le cul entre deux chaises sans savoir qui choisir, de son Père adoré ou des humains chéris de ce même Père... Franchement, qui aimait se prendre la tête ainsi pendant aussi longtemps ?

Le démon se leva et tourna son regard vers Andréas.

- Rentre chez toi. Restes-y, pour aujourd'hui, car tes blessures vont bientôt se rappeler à ton bon souvenir. Ne sors pas non plus la nuit prochaine - ou plutôt, fais comme tu veux, mais je t'aurais prévenu.

Kei fit le tour de la table et posa ses mains sur les épaules d'Andréas, se penchant pour souffler à son oreille :

- Si tu cherches de quoi t'occuper ces prochains jours... une de mes petites stars en herbe parle un peu de la même façon que toi à propos de toute cette affaire. Tu le connais forcément, un petit démon à tête de fille... tu devrais le trouver.

Kei se redressa avec un sourire en coin. Un duo Andrés/Soo Min était positivement effrayant, tous deux étant de vrais naïfs et têtes brûlées. Mais ce serait toujours intéressant à observer, n'est-ce pas ? Et Soo Min ne pourrait jamais faire de mal à Andréas.

Sur un dernier regard à son protégé, le démon ouvrit la fenêtre et sauta dans le vide, disparaissant dans la pénombre.