Petite visite de ton neveu préféré

Invité

16 Janvier 2010 - 15h45

J'étais assis à l'arrière de la classe comme à mon habitude, c'était plus facile ainsi de me faire oublier de mon professeur de mathématiques. Je connaissais déjà tout ce que nous étions en train de voir... j'allais probablement passer mon année comme premier de classe et ensuite, Toya-san allait devoir me donner un nouveau nom et un nouveau passé, j'allais modifier un peu mon physique et j'allais me faire passer pour quelqu'un d'autre. Mon professeur s'installa à côté de moi et me donna un coup de règle sur la tête pour me faire revenir parmi mes camarades de classe. Itai... Je me frotte la tête pour faire disparaître la douleur et je me lève pour prendre la craie qu'elle me donne. Direction le tableau pour faire l'exercice que personne ne comprend. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre vers le ciel en me disant que mon Père doit bien rire de me voir ainsi.

Je retourne ma tête vers le tableau suite à un léger raclement de gorge venant du fond de la classe. La patience est une vertu et ce professeur ne me semble pas la posséder. Je prends la craie qu'il m'a donnée et je fais la démarche de l'expression algébrique devant moi. Quelques minutes plus tard, je regarde la classe en frottant mes mains pour faire disparaître la poussière de craie et je décale pour laisser apparaître ma réponse sous les exclamations étonnées de mes camarades de classe. Désolé monsieur, j'ai beau être inattentif, mais je ne suis pas un cancre. Je m'installe de nouveau à ma place et je soupire en regardant les aiguilles de l'horloge avancées tranquillement. C'est vraiment démoralisant... La cloche finit par sonner et je sors en entendant le professeur nous mettre en garde de ne pas oublier notre devoir pour le prochain cours. Je finis par sortir dans la cour et je me demande où je peux bien aller.

Je sens une main sur la mienne et je regarde à qui elle peut bien appartenir. C'est une fillette de mon groupe qui s'appelle Ayumi. Elle me regarde en souriant et me demande si je veux aller jouer avec elle et quelques camarades à cache-cache. Je réponds à son sourire en riant et je m'excuse de ne pas pouvoir me joindre à eux. Ma défaite est que mon oncle m'attend pour aller visiter une école pour l'année prochaine. Je la remercie de l'invitation et je prends congé avant de courir jusqu'à la Kronos. Je rentre à l'intérieur en faisant semblant de faire l'avion. Le vigile me salut et je lui souris. Je m'approche de son poste et me met sur la pointe des pieds pour regarder les caméras derrière lui.

«Avez-vous capturé des méchants aujourd’hui Tazami-san?»

Demandais-je les yeux remplis d'espoir. Il me répondit que non et je lui répondis qu'une prochaine fois peut-être. Je me remet en marche en direction des ascenseurs. Ces derniers sont toujours remplis d'humains collés les uns sur les autres et ils ne se disent jamais bonjour. Je m'installe donc entre eux et je dis bonjour à chacun d'entre eux. Je saute pour atteindre le bouton 72 et tout le monde me regarde comme si j'étais un extraterrestre. J'entends quelques murmures derrière moi et l'ascenseur se vide tranquillement parfois se remplit. Je finis par sortir au 72ième étage et je fais bye-bye aux gens à l'intérieur.

Un pas, deux pas et trois pas... je me faufile dans le bureau de Toya-san. Tiens, il n'est pas là... cela ne me dérange pas plus que cela et je dépose mon sac sur une petite table qui me sert souvent de pupitre quand je fais mes devoirs. Je m'approche de l'énorme bureau et m'installe sur le fauteuil pour regarder le dossier qui est ouvert devant moi. C'est le visage d'un ange qui travaille pour mon supérieur, il a probablement commis une bavure. Je lis un peu l'information qu'il y a sur lui.

Angel † Ancient A.D.M.I.N.I.S.T.R.A.T.E.U.R

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- ... et le budget du secteur téléphonie ne cesse de croître, au détriment de la robotique. Il faut réagir monsieur Sakuya ! Nous ne pouvons pas ignorer que le développement robotique est la base de notre entreprise !

Je retirai mes lunettes et me pinçai le haut de l'arête du nez. C'était la 14ème fois que mon directeur des recherches me disait cette tirade, et cela allait faire la 14ème fois que je lui répondais la même chose. Rangeant mes lunettes factices dans ma poche du cœur, je me redressai dans mon siège.

- Fin de la réunion. conclus-je en refermant mon stylo. Je veux un rapport détaillé des budgets attribués aux différents secteurs de recherche sur mon bureau demain matin, 8 heures. Prochaine réunion dans 7 jours, même heure.

Sur ces mots, je me levais et quittais la salle de réunion avec mon carnet sous le bras. Premier arrivé, premier parti. Je faisais toujours ça. Ce n'était pas bien poli, mais cela me donnait un certain caractère inaccessible et sévère vis à vis des employés. Or, je préférais être un peu craint que déconsidéré.

Traversant le couloir, je me pris à rêver d'une tasse de thé. Je pouvais presque la visualiser sur mon bureau, un peu de fumée et une délicieuse odeur en émanant. L'odeur du thé me relaxait. C'était l'une des rares choses qui me détendait au bureau et sur le long terme. D'ailleurs je commençais à manquer de thé oolong à la fleur d'oranger...

Soudain, arrivant à la porte de mon bureau, je remarquais que celle-ci était mal refermée. Suo fermait toujours correctement la porte car il me savait pointilleux. Je poussais donc la porte prudemment, puis apercevait un sac à dos posé sur la petite table de réunion près de la fenêtre. Un sourire s'afficha alors sur mon visage et je ris doucement, à la fois soulagé et ravi. Le reste de la journée s'annonçait extrêmement bien.

J'entrai comme si de rien n'était et aperçus Sota à mon bureau en train de lire un dossier. Mon sourire se décala sur un coin, amusé.

- Teuh teuh teuh ! Je te laisserai feuilleter mes papiers quand tu seras plus grand, plaisantais-je en le rejoignant et en lui prenant doucement le dossier des mains.

Le visage poupin et souriant de Sota me fit immédiatement oublier ma réunion passée. Ce petit chérubin avait le don de me transformer. Me transformer en humain le temps de quelques heures, oserais-je dire. D'ailleurs, n'était-ce pas aujourd'hui que je devais jouer les parents ?

Je rangeais le dossier dans un tiroir puis ébouriffai les cheveux de Sota en souriant.

- Tu es sorti bien vite de l'école dis-moi, ajoutai-je en regardant ma montre. Hâte de voir ta nouvelle école ?

J'avais rempli mon rôle de tuteur et avait sélectionné plusieurs écoles de quartier qui me semblaient correctes, comme chaque année, puis les avaient présentées à Sota pour qu'il choisisse celle qui lui plaisait le plus. La stratégie avec ce petit est de lui faire changer d'école et de quartier chaque année. Si possible, le plus loin possible de ses précédents camarades. Au bout de 4 ou 5 ans, et que l'on a bien fait le tour des quartiers de Tokyo, on peut revenir aux premiers et recommencer. Je m'assure évidemment que les dossiers concernant Sota disparaissent miraculeusement des écoles qu'il a fréquenté. Tout une stratégie, mais qui marche plutôt bien.

Nous avions encore le temps avant de partir. Je me dirigeai alors vers la petite machine à boisson instantanées et lui préparai un chocolat chaud.

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Il vient de revenir de quelque part qui n’a pas apprécié cela se voit dans son visage. Je me demande si c’est possible que Monseigneur Toya commence à avoir les réactions des humains. Cela fait extrêmement longtemps qu’il a quitté les cieux, les anges peuvent-ils apprendre tout cela des hommes? Le truc qui m’a mis la puce à l’oreille pour son humeur, le sourire qu’il a fait quand il m’a vu et aussi que les réunions avec le directeur des recherches sont toujours aux sept jours. Je descends le dossier de mon visage pour réussir à suivre les gestes de mon supérieur avec mes yeux. Il s’approche tranquillement de moi pour m’enlever le document avec une blague que je considère de mauvais goûts surtout que je commence à me sentir mal à l’aise dans mon petit corps. Je continue quand même de sourire malgré l’envie de contester un peu la situation. Tandis que mon chef range le dossier, je m’amuse à tourner telle une toupie avec l’aide du fauteuil.

Toya passe sa main dans mes cheveux pour les ébouriffer et je pousse une légère exclamation de mécontentement. Je me retrouve à les aplatir et à les replacer à leur place pour le rendez-vous de fin d’après-midi. Je regarde quelques minutes ma propre montre pour voir si je suis vraiment arrivé plus tôt et je hausse les épaules.

«Je suis sorti à la même heure que d’habitude, c’est juste que je ne suis pas resté jouer avec les autres parce que j’ai eu peur…»

Dis-je en prenant une feuille de papier blanc et un crayon de plomb. Je ferme les yeux pour visualiser le visage pétillant de la fillette qui m’a accosté quelques minutes plus tôt et je commence à la dessiner. Elle était remplie de sentiments que je ne connaissais pas… peut-être que Toya-sama en sait plus…

«Haï! Dites, est-ce que vous m’avez inscrit en deuxième année ou je vais être encore avec les première année?»

Je le regarde se diriger vers la machine à boissons instantanés et je regarde par la fenêtre quelques secondes avant de disparaître du fauteuil. Je réapparais quelques instants plus tard assis sur la table à côté de la machine. Je le regarde faire puisque je n’ai pas encore compris comment fonctionne la technologie des années 2000.

«Aujourd’hui le professeur m’a envoyé au tableau parce que je regardais trop les nuages et il pensait que je n’avais pas du tout suivi la leçon. Je l’ai surpris encore une fois et les autres élèves aussi…»

Dis-je avec un petit sourire amusé. Je pris ma tasse remplie du breuvage chocolaté et je souffle plusieurs fois dessus pour la faire refroidir. Il n’est quand même pas question que je me brûle la langue ou m’ébouillante.

«Dites Monsieur Toya… est-ce que vous pensez que le Père va avoir une mission spéciale pour moi plus tard? Je trouve cela bizarre d’être le seul ange à avoir continuellement un corps d’enfant… Je sais que cela aide pour les êtres humains, car je suis moins menaçant pour eux…mais quand même…»

Angel † Ancient A.D.M.I.N.I.S.T.R.A.T.E.U.R

Sota regarda sa montre et me répondit :

- Je suis sorti à la même heure que d’habitude, c’est juste que je ne suis pas resté jouer avec les autres parce que j’ai eu peur…

Je venais d'appuyer sur la touche "boisson chocolatée". La machine couvrit le son de ces derniers mots : "j'ai eu peur", mais je les avais très clairement entendu. Je pris le temps de me retourner et m'appuyer sur la table de la machine à café en croisant les bras pour regarder mon petit protégé. Il s'appliquait à dessiner sur une feuille de papier, très concentré. Je l'observais un instant, sentant très nettement de l'appréhension poindre dans mon esprit. Le savoir apeuré par quelque chose m'inquiétait. La machine s'arrêta et je me retournai machinalement pour récupérer la boisson sous le versoir. J'entendis Sota reprendre derrière moi :

- Haï! Dites, est-ce que vous m’avez inscrit en deuxième année ou je vais être encore avec les première année?

L'instant d'après, il bondissait sur un bord de la table pour s'y asseoir et observer la machine. Je lui tendis sa boisson dans un gobelet en carton puis recommençai la manoeuvre pour me faire un thé instantané.

- J'ai décidé de te laisser le choix cette fois-ci, répondis-je. Tu es en première année dans ton école actuelle et tout a l'air de bien se passer, mais si tu veux changer d'établissement, je respecterai ta décision. Cela ne coûte donc rien d'aller voir cette nouvelle école aujourd'hui, nous pourrons toujours considérer la décision. Nous avons le temps.

Les propos qu'il avait tenu précédemment me confortèrent dans ma décision. Il était préférable que Sota affronte ses démons pour apprendre à vivre en harmonie avec les humains. La peur était l'une de ces épreuves. J'étais passé par ce stade lors de mes premières interactions avec l'humanité et j'en avais appris énormément. Ma vision des êtres humains avait changé. Quelque part, je crois que j'espérais que Sota suive ma voie et qu'il atteigne cet excellence de compréhension, de tolérance et de bonté que je cultivais. Je me sentirai tellement mieux de savoir que des Anges bons et généreux soient sur Terre...

- Aujourd’hui le professeur m’a envoyé au tableau parce que je regardais trop les nuages et il pensait que je n’avais pas du tout suivi la leçon. reprit-il avec amusement. Je l’ai surpris encore une fois et les autres élèves aussi… Il souffla sur sa tasse et continua : - Dites Monsieur Toya… est-ce que vous pensez que le Père va avoir une mission spéciale pour moi plus tard? Je trouve cela bizarre d’être le seul ange à avoir continuellement un corps d’enfant… Je sais que cela aide pour les êtres humains, car je suis moins menaçant pour eux…mais quand même…

Un sourire se dessina sur mon visage, fait plutôt rare, mais je trouvais ses propos d'une innocence touchante. La machine finit de me préparer mon thé. Je pris ma tasse et m'appuyais sur la table comme précédemment, tourné vers Sota.

- Tu sais, commençais-je en prenant une grande inspiration, S'il y a une chose que j'ai appris pendant des centaines d'années au contact des humains, c'est qu'il n'est pas besoin de violence pour les atteindre. Je rencontrai son regard et m'y plongeais pour ma prochain réplique : Retiens ceci : "C'est dans les coeurs que se gagnent toutes les guerres".

A nouveau, je lui ébouriffais les cheveux, un sourire satisfait sur mes lèvres, même si je savais qu'il allait encore protester.

- Ton apparence est le reflet de ton âme Sota, continuais-je. Un enfant est l'incarnation même de la naïveté et de l'innocence. Il ne pourra qu'éveiller, plus que tout autre Ange, la bonté et la pureté qui réside en chaque être humain. Car, souvint-en Sota, Notre Père a fait l'Homme à son image ; il est donc né pour faire le bien. Ces êtres humains qui font le mal ne sont que les pauvres victimes de leurs démons intérieurs. Nous ne devont pas les condamner, mais les aider.

Mon discours était lourd et solennel, mais je tenais à ce que ce petit chérubin entende mes mots. J'avais tant d'espoir en lui...