†
Sakuya Toya † Aikawa Kyo
Bureau de Sakuya Toya - KHC Corp.
Le 05/01/2010 à 09h10

La journée commençait en beauté. Mon directeur des ressources humaines faisait le fantôme alors qu'aujourd'hui plusieurs entretiens devaient avoir lieu. Je maudis intérieurement les circonstances qui faisaient que j'étais dans l'incapacité de le virer... sans provoquer des tensions avec mes pairs angéliques.

Injustice.

M'installant à mon bureau, sur lequel était déjà posé un plateau de thé chaud préparé par mon secrétaire, je pris le premier dossier sur la pile.

- Hm... Aikawa Kyo...

Alors que je survolais rapidement le dossier, quelqu'un frappa à ma porte. Je relevais le nez, sans lâcher la feuille que j'étais en train de tourner. La secrétaire d'accueil entra.

- Monsieur Sakuya, voici l'entretien de 9h.

Je me levais en opinant et elle fit entrer un jeune homme dans mon bureau. Je haussais un sourcil, plutôt surpris. Le jeune homme en question arborait une chevelure bicolore, pourtant bien coiffée, qui contrastait complètement avec ses vêtement d'une grande élégance. Heureusement pour lui, j'étais beaucoup plus sensible aux manières et aux attentions des êtres humains qu'à leur apparence de chair.

- Bonjour, commençais-je en lui présentant un fauteuil devant mon bureau, je suis Sakuya Toya, le PDG de cette entreprise. Et vous êtes... Akiwa Kyo si je ne me trompe. Enchanté. Prenez place je vous prie.

Silence. Je repris le dossier en main et le feuilletait une fois encore, tranquillement, testant au passage les nerfs du jeune homme. Les humains nerveux et manquant de confiance en eux ne m'intéressaient guère, même s'ils avaient du potentiel. A mon grand ravissement, je ne détectais aucun tic nerveux pendant que je finissais de lire son CV. Parfait.

- Notre directeur des ressources humaines m'a fait parvenir votre CV. continuais-je. Vous avez un cursus intéressant car il vous confère de nombreuses aptitudes. Or, nous recherchons des gens ouverts d'esprits et talentueux pour enrichir notre société. Je ne doute pas que vos connaissances en sciences humaines nous seront d'une grande utilité. Aussi aimerais-je vous doter d'un poste aux relations humaines importantes. Nous manquons de bons éléments pour interagir avec nos employés.

Je fis une pause, considérant mon interlocuteur. Il était très calme et son aura aussi. Examinant son énergie un instant, je perçus des soubresauts dans son aura. Intéressant. Ce jeune homme est peut-être encore plus intéressant que son CV ne le laisse présager. Je continuais :

- Je vois que vous avez de l'expérience comme secrétaire... cela vous conviendrait-il de travailler au service des ressources humaines ? Kato Yusuke, notre directeur, est... comment dire... assez souvent "débordé" et une aide de camp motivée et efficace serait une aide précieuse pour la société. Nous sommes ouverts à toute candidature, mais je suis très attentif quant au bien-être et aux performances de mes employés.

Je fis un effort sur-angélique pour ne pas placer un sous-entendu sur la fainéantise dont faisait preuve mon directeur des ressources humaines. D'une part, pour ne pas effrayer le jeune homme, et d'autre part car je me détestais quand je me laissais aller à des élans humains tel que, la rancœur.

En tout cas, il allait sans dire qu'il me fallait absolument quelqu'un pour compenser cette unité défaillante. Et en ce qui me concernant, je voyais en ce jeune homme érudit une excellent occasion de développer une pièce d'échiquier efficace et talentueuse.

- Concernant votre rémunération, nous vous offrons le salaire d'un secrétaire standard, doublé d'une prime de service versée tous les mois et correspondant à environ +25% de votre salaire mensuel. En outre, sachez que nous vous rémunérons le 13ème mois. Tout ceci pour 40 heures de travail par semaine, réparti sur la semaine à votre convenance, y compris le week-end. Enfin, en ce qui concerne les avantages de votre poste, vous aurez des accès VIP à de nombreux événements scientifiques et sociaux. Par exemple, nous vous paierons l'entrée et le déplacement au 13e Congrès mondial en ressources humaines si vous désirez y participer.

Je fis une pause avant de conclure :

- Qu'en dites-vous ?

Mon jeune interlocuteur demeura d'un calme implacable.

- Tout cela me convient parfaitement, Monsieur. répondit-il poliment. Je serai heureux de faire partie de votre équipe de vous épauler au besoin. Mais j'ai une question pour vous...

Il marqua une pause. Pour ma part, j'étais en suspens, attendant la-dite question. Que ce jeune homme calme fasse preuve d'initiative me plaisait. Cela prouvait que j'avais vu juste en lisant son CV. Il me fixa un instant, comme préparant soigneusement ses mots.

- Qu'attendez-vous vraiment de moi, votre opinion personnel et non seulement les ''standards et attentes'', en tant que votre employé ?

Je croisais les doigts, les coudes sur mes accoudoirs et me laissait aller en arrière dans mon fauteuil. Il avait du culot. Un employé normal ne m'aurait pas posée cette question. Mais bien heureusement pour lui, c'était le genre de question que j'attendais. Nous allions passer à la phase informelle de l'entretien.

- Outre les "standards et attentes", commençais-je, j'attends de vous que vous soyez capable de vous adapter très vite afin de prendre les fonctions de gestion des ressources humaines au vol. J'entends par là que vous "harceliez" votre supérieur afin d'en apprendre le plus de lui, le plus vite possible. Dans cette quête, je vous souhaite bonne chance, car autant vous le dire, je ne vous ai pas assigné à un collègue facile. Il vous accueillera à bras ouvert, rassurez-vous, mais... il vous faudra lui tirer les vers du nez pour obtenir des renseignements.

J'avais parlé franchement et ce pour une bonne raison : il devenait urgent pour moi de maîtriser les ressources humaines... surtout en ce temps où des humains pouvaient avoir été influencés par des démons. Mais surtout, je désirais toute son attention et toute sa confiance. Faire des secrets était proscrit. Du moins, dans la limite du possible.

- Pour être honnête avec vous, j'ai une mission à vous confier. Très importante pour l'entreprise. Et celle-ci passera par la bonne connaissance des différentes unités qui composent notre société. Mon conseil : apprenez de votre supérieur comme gérer le service, mais surtout, surtout, n'hésitez pas à rencontrer tous les employés de notre entreprise. Un par un, service par service.

Mes propos pouvaient paraître extrêmement ambigus et je me doutais qu'une jeune homme doué de psychologie comme Aikawa Kyo pourrait y voir une forme de tyrannie sous couverture afin d'observer et contrôler ses employés. C'était le cas... mais avec un bémol notable : l'objectif.

- Je vous rassure. Je n'ai pas pour but d'exiger de mes employés une rigueur extrême, un dévouement à tout épreuve et une assiduité sans faille. Nous sommes tous humains et je ne voudrais pas vous faire l'agent du malin.

Ces derniers faillirent provoquer chez moi l'hilarité. Me comparer au malin relevait de la farce absurde. Pourtant certains êtres humains de ma connaissance nous avait confondus à première vue...

- Mon objectif, continuais-je, est de d'une part de veiller au bien-être de mes employés, car je ne vous apprends pas qu'une personne stressée et désœuvrée ne peut effectuer son travail l'esprit tranquille, et d'autre part... de prévenir l'espionnage industriel.

Je me penchais sur mon bureau, les mains croisées sur la table, le regardant avec tout le sérieux du monde. Cette mission serait la plus importante.

- Je compte sur vos aptitudes afin de détecter et de me rapporter tout comportement étrange. Notre société ne pourrait tolérer la trahison.

Je pensais évidemment à des agents doubles, travaillant pour le compte d'anges désirant ma mort ou la présence éventuelle de chasseurs de créatures surnaturelles que je n'aurais su détecter à cause de mon emploi du temps de ministre.

Ce jeune ne réaliserait jamais combien la tâche que je lui confiais était importante...

- Outre les "standards et attentes", commença-t-il, j'attends de vous que vous soyez capable de vous adapter très vite afin de prendre les fonctions de gestion des ressources humaines au vol.

Jusqu'ici, tout allait bien. Même que c'étais fort prometteur. J'acquiesçai d'un faible hochement de tête et le laissai poursuivre.

J'entends par là que vous "harceliez" votre supérieur afin d'en apprendre le plus de lui, le plus vite possible. Dans cette quête, je vous souhaite bonne chance, car autant vous le dire, je ne vous ai pas assigné à un collègue facile. Il vous accueillera à bras ouvert, rassurez-vous, mais... il vous faudra lui tirer les vers du nez pour obtenir des renseignements.

Mon regard se fit suspicieux, et je fronçai les sourcils.

- Monsieur, arrêtez-moi si je me trompe. Mais ce que vous me demandez est de... disons... faire une enquête sur mon supérieur, Kato Yusuke...

J'admirais toutefois sa franchise. N'importe quel employeur aurait pu me placer là comme un simple pion et me soutirer des informations par un quelconque moyen... Mais pourquoi cette confiance soudaine ? Car c'est ce qui me semblait être. Il poursuivit, ignorant ma question qui était surtout une affirmation. Malgré que rien n'avait été encore dis, j'avais deviné ses intentions, ou peut-être pas tout à fait...

- Pour être honnête avec vous, j'ai une mission à vous confier. Très importante pour l'entreprise. Et celle-ci passera par la bonne connaissance des différentes unités qui composent notre société. Mon conseil : apprenez de votre supérieur comme gérer le service, mais surtout, surtout, n'hésitez pas à rencontrer tous les employés de notre entreprise. Un par un, service par service.

Je me fendis d'un sourire presque malsain, mais c'étais malgré moi. Ce sourire n'avait rien de méchant, mais lorsque je souris trop, on me prends parfois pour un maniaque... Ce qu'il cherchait donc était un surveillant, doublé d'un 'secrétaire'. Le genre de poste idéal pour surveiller les aller et venus de tout le monde, et aussi savoir ce qu'ils font pour la compagnie. Cela ne m'effrayais pas, bien que j'étais un peu curieux de comprendre ce que tout cela cachait. Comme pour répondre à mes questionnements, il chercha à me rassurer:

- Je vous rassure. Je n'ai pas pour but d'exiger de mes employés une rigueur extrême, un dévouement à tout épreuve et une assiduité sans faille. Nous sommes tous humains et je ne voudrais pas vous faire l'agent du malin.

- En toute honnêteté Monsieur: Que vous soyiez le diable ou Dieu en personne m'est égal, si du moins l'un d'eux existe. Qui vous êtes derrière votre poste m'est aussi égal, en résumé. Je suis ici pour le travail, pas pour fouiner dans la vie privée de mes supérieurs...

Je l'avais pris au mot, et j'avais repris un peu dans la même ligne de pensée. Mais je n'avais aucune conscience que ce que je venais de dire pourrait le faire sourciller.

Je le condisérai à nouveau un instant, me remémorant vaguement que ses propos semblaient l'avoir légerement perturbé. Peut-être pas au sens négatif, dur à dire... Je laissai passer ce détail.
Cet homme était sûr de lui, et de ses décisions, et il semblait déterminer à régler un problème. Dans ce cas-ci, j'allais être son outil.

- Mon objectif, continua-t-il, est de d'une part de veiller au bien-être de mes employés, car je ne vous apprends pas qu'une personne stressée et désœuvrée ne peut effectuer son travail l'esprit tranquille, et d'autre part... de prévenir l'espionnage industriel.

Lorsqu'il se pencha sur son bureau, et me regarda ainsi, je ne pus faire autrement que de ressentir un instant tout le poid que représentait pour lui cette situation. À quel point c'étais important. Et aussi, j'eus l'impression qu'avec un tel regard, il me serait plus que reconnaissant d'accepter et de réussir mon travail. Avais-je enfin l'occasion de rendre service et ne plus me sentir comme un moins que rien ?

- Je compte sur vos aptitudes afin de détecter et de me rapporter tout comportement étrange. Notre société ne pourrait tolérer la trahison.

- Vous êtes conscient qu'avec toutes mes études, il n'est pas dur pour moi d'analyser les gens et les situations.

Je fis une minuscule pause.

- Je comprends parfaitement votre empressement de mettre au clair tout cela, car il semblerait que vous ayez des doutes sur vos employés... Espionnage industriel ? C'est malheureusement ce qui arrive souvent. Alors il me fera plaisir de vous rendre service. Mais je me demande une chose... Pourquoi me faire confiance, à moi, qui vient à peine de débarquer ici dans votre bureau ? Je ne suis qu'un inconnu. Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas envoyé par quelqu'un ? Vous allez sans doute me répondre comme tout le monde: Parce que quelqu'un de coupable ne le mentionnerait pas. Réflexe de la pensée humaine. Pourtant, justement, peut-être chercherai-je à contourner cette pensée, et dire cela pour vous induire en erreur.

Mes propos visaient à le mélanger un peu si cela était possible. Parce que je voulais SAVOIR. Pourquoi me faire confiance à moi alors que la plupart des gens s'éloignent de moi d'emblée comme la peste ? C'étais la seule chose que je ne saisissais pas de cet entretien. Quelques secondes après ma précédente phrase, j'ajoutai:

- Et lorsque vous aurez répondu, si vous n'avez toujours pas changer d'avis, tout ce dont j'ai besoin est une liste des employés, et m'indiquer ceux que je dois avoir particulièrement à l'oeil. Aussi simple que ça. Mais il semblerait que je doives commencer par Kato-San.

Intéressant, cet entretien. Je n'aurais jamais cru avoir un emploi si rapidement en me levant ce matin, et encore moins de me retrouver dans cette situation. Ma vie allait-elle enfin reprendre un sens, ou bien continuerais-je à passer mes nuits à me torturer et écrire, dans mon sperme, mon sang et mes perversions ? Je ressentis un court instant un malaise, et chassai mes pensées de la veille, où j'avais écris un meutre horrible qui m'avait pourtant excité plus que jamais... Tu es un monstre, m'intimai-je, à moi seul dans ma tête, ma voix raisonnant comme si c'étais celle d'un autre... Puis repris contenance.

- De plus, je peux aussi bien être mentalement dérangé, et cela ne semble pas vous faire le moindre pli...

Pourquoi cherchai-je à le décourager ? Parce qu'il y a de quoi l'être. Non. Il ne faut pas que je pense ainsi... Je cherche plutôt à voir s'il est possible de le déstabiliser et le faire douter, lui qui semble si sûr de lui. À l'instar de moi qui doute de mon équilibre mental... Tout compte fait, je trouvais vraiment étrange cette confiance. On ne me l'avait jamais donné au sens professionnel, et rarement du point de vue personnel. Seulement mes soumises qui se donnaient à moi, parfois à regret parce que j'ai déjà été trop loin... Donc le doute, toujours le doute. J'avais beau vouloir analyser la situation et sa personne, son mode de raisonnement, tout compte fait, c'étais moi qui angoissais, aussi. Avais-je la capacité de ne pas décevoir ?

- [...] Pourquoi me faire confiance, à moi, qui vient à peine de débarquer ici dans votre bureau ? Je ne suis qu'un inconnu. Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas envoyé par quelqu'un ? Vous allez sans doute me répondre comme tout le monde: Parce que quelqu'un de coupable ne le mentionnerait pas. Réflexe de la pensée humaine. Pourtant, justement, peut-être chercherai-je à contourner cette pensée, et dire cela pour vous induire en erreur. Il fit une courte pause puis ajouta : Et lorsque vous aurez répondu, si vous n'avez toujours pas changer d'avis, tout ce dont j'ai besoin est une liste des employés, et m'indiquer ceux que je dois avoir particulièrement à l'oeil. Aussi simple que ça. Mais il semblerait que je doives commencer par Kato-San. De plus, je peux aussi bien être mentalement dérangé, et cela ne semble pas vous faire le moindre pli...

La plupart des êtres humains auraient accepté sans poser de question, trop content d'avoir trouvé du travail mais ce jeune homme tenait absolument à faire la lumière sur mes motivations concernant son choix. Cela me satisfaisait pleinement. J'aimais les individus qui se posaient des questions.

- Je vous ai choisi, alors que, soyons francs, il me reste des tas de dossiers à examiner, parce que vos compétences m'intéressent. Certes vous m'êtes inconnu et j'ignore si un jour vous n'en viendrez pas à me poser des problèmes, mais je n'en ai que faire. Ceci, tout simplement parce que je donne leur chance aux gens de me prouver leur valeur et j'avise ensuite. Pour faire clair, ma méthode est de voir et de juger après.

Encore un excès de franchise, mais qui me convenait tout à fait. Quelqu'un sortant de mon bureau en ayant entendu et accepté ma manière de faire serait un bon employé à mes yeux. Je regrettais un instant de ne pas mener les entretiens des ressources humaines moi-même. Je devinais qu'avec un discours comme j'en tenais présentement, beaucoup de jeunes japonais facilement corruptibles auraient fait demi-tour dans la démarche de trouver du travail ici-bas.

- Si réellement vous vous révélez être un problème, continuais-je. Je tâcherai de vous convoquer et de vous rappeler qui est à la tête de l'entreprise. A la suite de quoi, vous resterez ou vous partirez. Je suis extrêmement intolérant avec ceux qui trahissent la confiance que je leur accorde.

Je parlais depuis le début avec un calme olympien, comme à mon habitude. Les mots que je prononçais était toujours dit pour leur sens, leur poids et leur valeur. Quand bien même quelqu'un aurait vu de la menace dans mon discours, il n'en était rien. Je parlais toujours, sans exception, pour dire les choses telles qu'elles étaient, et pas autrement.

Me levant de mon siège, je m'approchais de la baie vitrée derrière mon fauteuil. Un temps radieux éclairait la ville aujourd'hui. Je profitais de la vue un instant avant de reprendre en me retournant vers le jeune Aikawa.

- Maintenant, si vous n'avez toujours pas changé d'avis, veuillez prendre note. Je vous engage si vous le souhaitez dès demain, le temps que les papiers soient signés et en règle. Votre mission sera de connaître toutes les personnes de cette entreprise, de gérer leur dossier en tant qu'assistant des ressources humaines et de vous assurer de la véracité de leur comportement vis à vis de l'entreprise. Toute anomalie me devra m'être directement rapportée sous dossier confidentiel.

Je fis une pause et me retournais vers la vitre avant de continuer :

- Quant à mon collègue, Kato Yusuke... vous n'avez pas à vous inquiéter de lui. Apprenez ce que vous pouvez sur ces démarches et son système de gestion mais en ce qui concerne sa fidélité à l'entreprise...

Je m'arrêtais, pris d'un doute, ou plutôt un mauvais pressentiment. Une sensation que les humains ressentent lorsqu'une pensée négative les traverse et les angoisse soudain tant le doute les harcèle. Je continuais :

- Tenez le à l'œil aussi.

J'avais décidément le sentiment de ne pas pouvoir avoir confiance en personne d'autre que mon secrétaire ici bas...

- Monsieur Sakuya, je ferai en sorte que vous ne regrettiez pas de m'avoir engagé et je ferai honneur à votre entreprise. Je l'ai spécifié dans mon curriculum vitae: je ne m'engage pas sur un coup de tête. Je vous remercie...

Il fit une pause et je pus sentir une nette variation dans son aura. Par discrétion, je ne cherchais pas plus loin. Entrer dans les pensées des gens n'était pas ma tasse de thé. Bien au contraire, je me l'interdisais rigoureusement. D'une part parce que la cible se rend compte qu'une intrusion a lieu dans son conscient et peut faire le rapprochement avec moi, et d'autres part car cela peut créer des lésions irréversibles dans le psyché humain. A ce moment, je pouvais sentir la confusion de Aikawa. Quelque chose le perturbait, mais quand bien même il serait "mentalement dérangé" - et je ne fais que le citer - je le saurais bien assez tôt. Ou mieux, s'il se révélait avoir des tendances paranoïaques, j'étais certain qu'il ferait bien son travail.

Il toussota et continua :

- Si vous avez le moindre questionnement à mon sujet, je suis à votre disposition. Sinon, je vous revois sans doute demain, si je vous croise...

Toujours face à la baie vitrée, j'opinai puis me retournai vers Aikawa. Il avait l'air toujours aussi calme. Assurément un maître du comportement psycho-social. J'avais hâte de le voir à l'oeuvre.

- Si vous le désirez, vous pouvez commencer dès demain. Je vais m'arranger pour préparer les papiers et votre bureau pour demain matin 8 heures. Vous serez installé à cet étage et pourrez venir me rendre compte régulièrement. Néanmoins, vous comprendrez que nous devrons nous mettre d'accord sur des créneaux pour nos réunions car je suis un homme très occupé.

Ca m'amusait toujours de dire de moi que j'étais un "homme"... Mais trêves de plaisanteries. Il me fallait cloturer l'entretien. J'avais encore des heures de ressources humaines devant moi.

Je fis le tour de la table et m'inclinai respectueusement devant Aikawa.

- Sur ce, je vous dis à demain.

Prenant les devants, je lui désignai la porte et l'y accompagnais. Je l'ouvris et fut soudain pris d'un doute. Peut-être aurais-je du lui donner quelques précisions sur la tenue correcte exigée de la société ? Pas au niveau vestimentaire évidemment, mais plutôt au sujet des accessoires. [...] Inutile. Un tel pro' du comportement n'avait pas besoin de ce genre de conseils.

FIN DU TOPIC